Cinq lettres inédites d’August Wilhelm Schlegel sur la mort d’Albert de Staël

Stefan Knödler et Michel Kerautret

p. 205-232

Citer cet article

Référence papier

Stefan Knödler et Michel Kerautret, « Cinq lettres inédites d’August Wilhelm Schlegel sur la mort d’Albert de Staël », Cahiers Staëliens, 68 | 2018, 205-232.

Référence électronique

Stefan Knödler et Michel Kerautret, « Cinq lettres inédites d’August Wilhelm Schlegel sur la mort d’Albert de Staël », Cahiers Staëliens [En ligne], 68 | 2018, mis en ligne le 15 avril 2019, consulté le 21 novembre 2024. URL : https://cahiersstaeliens.edinum.org/202

I. August Wilhelm Schlegel à Germaine de Staël

Stralsund1 ce 18 Juillet 1813

Hélas, ma pauvre amie, quelle déplorable nouvelle suis-je destiné à vous donner ? Je ne sais pas comment m’y prendre, je suis encore dans la consternation – cependant il le faut – Vous avez perdu votre fils – un duel l’a enlevé à la fleur de son age, et à la veille de voir réalisées toutes les espérances qu’on pouvait fonder sur son ardeur pour la gloire militaire. Que ne puis-je vous donner la consolation de le savoir mort au champ d’honneur et dans la plus belle des causes ! Néanmoins à cet égard il n’y a pas de sa faute – il s’est exposé à Hambourg2 chaque jour pendant quatre semaines à cette mort qu’il ambitionnait, et alors elle l’évitait. La fin a été subite, j’ai lieu de croire qu’il n’a pas souffert. Que de soucis n’avez vous pas employés pour le guérir de ces malheureuses passions qui l’ont entraîné à sa perte ? A présent tout est tardif, et il ne vous reste plus qu’à prier Dieu et à célébrer des services pour le repos de son ame. Il me semble qu’il a expié ses fautes dans cette vie, puisque la Providence ne lui a pas accordé la mort honorable que méritait sa valeur, puisqu’il a fallu qu’il pérît par la suite d’une misérable querelle et servît de leçon aux emportemens de la jeunesse. La tombe couvre les défauts de ses ténébres, et fait ressortir les bonnes qualités. Il en avait assurément de bien nobles – il ne pouvait pas être déshérité par le sang. Helas helas ! et tout ce sang qu’il tient de vous a été versé si indignement – il n’a pas roulé pour la cause à laquelle nous sommes dévoués !

Il s’était fait quelques ennemis par sa brusquerie – c’étaient des gens qui le craignaient ou l’enviaient – tous les autres rendent justice à la bonté de son cœur. Il emporte au tombeau la reputation d’une bravoure à toute épreuve quelque peu de temps qu’il ait eu pour la déployer – surtout les Mecklenbourgeois le connaissent – il avait souvent à Hambourg conduit un bataillon de leurs gardes au combat3. Je recueillerai là dessus autant de détails que je pourrai pour vous les transmettre.

– – Je sors de chez le Prince Royal4, avec qui j’ai causé long-temps sur ce funeste événement – il partage bien sincèrement votre chagrin, il m’a chargé de vous le témoigner. Il n’a pas épargné les exhortations, il a souvent parlé paternellement à Albert surtout sur le jeu – Albert lui avait dit, qu’il avait besoin des bains de mer pour sa santé – le vertigo qui l’entraînait a prévalu contre tous les avertissemens de son bon génie.

Le Prince s’excuse aussi, sur ce qu’il ne vous écrit pas dans ce moment – cela lui serait trop pénible – les Généraux Löwenhielm, Suremain, Gyllenskiöld, – le Baron de Wetterstedt5 et plusieurs autres personnes m’ont prié de vous témoigner leur intérêt.

Chère amie, je vous conjure de ménager votre santé qui a déjà tant souffert – Nous nous reverrons certainement – peut-être à une époque peu éloignée – c’est selon les événemens – Je reserve tout cela à ma lettre prochaine, je n’ai ni le temps ni la capacité de vous parler aujourd’hui sur d’autres sujets. A ma désolation je n’ai point encore de lettre de vous – peut-être sont elles dans le paquet de Mr. Thornton6 qui n’est pas encore de retour. Je n’ai de vos nouvelles, que par les gazettes, et par le Comte de Balmén7 – Mille et mille amitiés – que je vous plains, mère malheureuse et encore heureuse ! Regardez Auguste et Albertine – je bénis ce pauvre petit ange.

Vous savez qu’on a rendu à Albert les derniers devoirs de la maniere la plus signalée – tout le monde a senti les égards qu’on vous devait.

II. August Wilhelm Schlegel à Auguste de Staël

Stralsund ce 18 Juillet 1813

Armez vous de courage, mon cher Auguste pour apprendre la nouvelle la plus triste et la plus affreuse. A quoi servent les introductions dans une pareille circonstance ? Ou l’on ne devine pas, alors on n’est pas préparé peu à peu ; ou l’on devine, alors le mot est déjà dit, et c’est le tourment de l’incertitude seulement qui vous sépare d’une entiere connaissance du malheur. Albert a eu un duel, il a été gravement blessé – vous avez perdu votre frere. Je n’écrirai à votre mère qu’en général sur ce tragique événement ; je m’en vais vous en mander tous les détails que j’ai pu recueillir. Vous en communiquerez ensuite à votre malheureuse mere et à votre sœur ce que vous jugerez à propos. Il me semble qu’il est de mon devoir de vous mettre complètement au fait – d’ailleurs cette catastrophe a eu lieu dans un endroit tout public, et le bruit général pourrait vous en rapporter les circonstances altérées.

C’est encore cette pernicieuse passion pour le jeu, dont nous nous sommes donné tant de peine de le guérir, qui a été la cause de sa mort.

J’étais à Greifswald8, où je fus d’abord retenu après le départ du Prince Royal, par une occupation ; et ou j’étais resté ensuite attendant paisiblement son retour et vivant d’une maniere très retirée, lorsqu’avant hier je fus foudroyé par cette terrible nouvelle. S’il n’avait été que blessé ! j’aurais été en droiture et sans attendre un instant à Dobberan9. Mais hélas ! il n’y avait plus rien à faire – cependant j’étais impatient d’apprendre les circonstances, je partis donc le même soir un instant après le passage du Prince Royal, j’arrivai ici dans la nuit, ayant eu tout le long du chemin un orage qui était bien d’accord avec mes sombres pensées. J’ai passé la journée d’hier à interroger des personnes qui ont été présentes, et à me lamenter sur cette irréparable fatalité ! J’étais hors d’état d’écrire, je ne sais pas si j’aurai manqué la premiere occasion – hier on me dit au cabinet qu’on expédierait un courier aujourd’hui, et je ne sus que trop tard qu’il devait prendre ses dépêches à minuit. Peut-être m’a-t-on déjà prévenu, car le Général10 m’a dit qu’il avait tout de suite écrit une lettre à Mr. d’Engeström11, pour le mettre en état d’informer Madame votre mere de la maniere la moins effrayante, et le duel auquel il n’a survécu que quelques minutes a eu lieu le 12, Lundi dernier.

Ce que je vais vous raconter, je le tiens principalement du Cte de Santi et du Cl Gyllennsköld12 qui étaient présents à Dobberan, – votre mere les connaît, – ils ont été fort affectés de cet événement, leur recit m’a causé une grande emotion.

C’est le 6 de ce mois, le jour que le Prince Royal partit de Greifswalde pour l’entrevue avec l’Emp. Alexandre et le Roi de Prusse13, que j’ai vu Albert pour la derniere fois. La veille j’avais diné chez le Prince, il y avait le General Stewart14 et une foule de monde. Après le diner, lorsque le Prince fesait le tour du sallon, Albert à deux pas de moi lui demanda la permission d’aller à Dobberan pendant son absence. Je fus très étonné, car certainement le moment n’était rien moins que convenable. Un congé est une affaire de service, il devait donc s’adresser pour cela au Prince en particulier. Le Pr. R. me parut frappé de cette demande dans le même sens que moi, cependant il répondait : « Volontiers, très volontiers, » et il passa outre. Albert s’était bien gardé de me dire qu’il comptait aller à Dobberan, comme je supposais qu’on y joue j’aurais prié le Pr., de ne pas lui donner cette permission. Je pense aussi qu’Albert connait l’inconvenance que je viens de relever, le sachant bien parce que de cette façon il se croyait plus sûr de ne pas avoir un refus.

Le lendemain après le départ du Prince, il vint me faire ses adieux. Je ne me rappelle pas exactement, ce qui s’est passé dans ce court entretien, mais je pense toujours que mon dernier mot était l’exhortation, de ne pas jouer et de s’amuser d’une maniere raisonnable.

A Dobberan il y a une banque publiquement tolérée, comme c’est l’usage dans beaucoup d’endroits de bains. Albert joua donc beaucoup et d’abord avec un bonheur extraordinaire. Un jour qu’il avait gagné beaucoup, un homme à coté de lui le pria de lui prêter deux louis, ce qu’Albert fit sans difficulté. Ensuite il reperdit tout son argent, au point d’être reduit à vendre un de ses chevaux pour continuer de jouer. La fortune lui15 revint un peu de sorte qu’il acheta un cheval à ce meme homme ; en le payant il oublia de retenir les deux louis, il lui rappela cependant sa dette, que l’autre promit de payer dans un autre moment. Cet homme s’appelait Jorry16, il était Prussien de naissance, mais officier au service de Russie dans un régiment de hussards – il était fort inconnu et peu signifiant, les autres Russes n’avaient pas l’air de se soucier de lui, en général on le considérait comme le rebut de la société. Le dernier jour Albert perdit de nouveau, ce qui sans doute le rendait plus irritable, Le Cte de Santi m’a dit qu’il avait l’air chagrin et faché. D’ailleurs quelques jeunes gens de sa connaissance l’éxcitaient en lui disant : « Jorry est un escroc, il ne te rendra jamais ton argent, il ne faut pas le laisser partir sans qu’il t’ait payé ». Albert le rencontre et le presse, l’autre se dit dans l’embarras, mais promet d’envoyer l’argent quand il pourra. La dispute s’échauffe, Albert insiste et le prend par le collet en disant : « Non non, vous ne partirez pas sans m’avoir payé ». Jorry se dit insulté et en demande raison, Albert accepte le défi, mais il veut différer l’affaire au lendemain – l’autre devant partir insista sur une décision instantanée. Albert eut pour témoin un Baron de Brakel17, Hollandais au service de Russie ; je l’ai vu ici et il m’a paru être brave officier, mais crane au possible – un Baron de Lantingshausen de la branche livonienne18 de cette Famille et au même service fut appelé comme témoin de la part de son adversaire. Comme au fond il n’y avait rien de grave, et que toute la querelle roulait sur une misère, on convint de se battre au sabre et on alla dans un bois, voisin de la promenade. Brakel avait amené un chirurgien. Il parait qu’Albert n’avait aucune idée de se mettre en garde contre son adversaire qui était d’une petite taille et qu’il ne fesait que jouer avec son arme. A peine avait-il tiré un coup qu’il fut atteint d’une blessure mortelle – c’était un coup qui en entamant l’oreille gauche descendait le long du corps jusque sous le menton en coupant toutes les artères et entrant fort avant. Albert resta debout au premier instant, mais n’eut que le temps de dire en allemand : « Quel terrible coup ! » en mettant la main sur la blessure. Les témoins le soutinrent pour l’emmener, mais aussitôt que sa main défaillante se detacha, il tomba par terre, le sang jaillit en abondance, et il expira au moment où le chirurgien essaya de lui porter d’inutiles secours. Il y a eu une singuliere fatalité, car il est bien rare qu’un coup de sabre soit mortel, surtout dans un duel cela est presque sans exemple. On me dit qu’il y a eu de la perfidie dans l’attaque, cela est difficile à savoir au juste. Malheureusement Albert n’avait pas là un ami raisonnable, qui eût pu arranger l’affaire. On lui conseilla de prendre un Suédois pour témoin, alors probablement la chose aurait été prévenue – il n’y avait que quatre Suédois à Dobberan : les colonels Gyllensköld et Biörnstjerna, Mr. de Gyllenmalm et le Baron de Taube19. Gyllensköld m’a juré qu’il ne l’aurait pas souffert s’il en avait su la moindre chose. Albert avait d’abord demandé pour témoin le Colonel Rapatel20, ancien aide de Camp de Moreau21, à présent au service de Russie. Celui-ci ne voulait pas s’en mêler, mais il prit la chose légerement, et lorsqu’au spectacle on lui demanda ce que c’était que cette querelle, il dit : « C’est un enfantillage et cela finira par des égratignures ». Il n’eut donc pas l’idée d’avertir le Général Benkendorf22, qui traitait Albert avec distinction et l’attirait beaucoup dans sa société. Celui-ci aurait peut-être renvoyé Jorry par un acte de son autorité, le voyant d’ailleurs à regret porter l’uniforme russe. Il servait dans le corps que le General avait précédemment commandé. Le combat eut lieu vers sept heures, tout le monde était au spectacle, lorsque le bruit de cet événement repandit une consternation générale. Jorry courait partout, criant comme un forcené qu’il avait tué un homme, enfin il se mit à cheval et s’enfuit. Beaucoup de personnes ont vu Albert encore sur la place baigné dans son sang et la tête entierement penchée sur l’épaule droite, parce que la scène était un endroit fort peu écarté. Le Prince héréditaire de Mecklenbourg23 fut extrêmement affecté, le vieux duc24 aussi se donna un grand mouvement, il voulut envoyer des gend’armes à la poursuite de Jorry, mais on l’en dissuada parce qu’il avait déjà quelques heures d’avance, et que d’ailleurs il serait naturellement assez puni. Ayant tué un officier de la maison du Prince Royal, il n’osera pas reparaître auprès de son corps qui est placé sous les ordres du Prince.

L’enterrement a eu lieu mercredi le 14, avec tous les honneurs militaires et avec la plus grande solennité25. La blessure fut lavée dans la nuit après sa mort, et remise de façon à ce qu’il n’en fut pas defiguré, – le lendemain son corps fut exposé, dans un cercueil ouvert, il était couvert d’une belle draperie blanche. Gyllensköld avertit le Général Posse26 commandant d’une division suedoise à Rostock, celui-ci envoya un detachement de cavalerie, et un char funéraire pour transporter le cercueil. Le mercredi à 10 h. du soir le cortège s’assembla chez le Général, toute la garnison assista, on alla prendre aux flambeaux le cercueil dans l’eglise où il avait été provisoirement placé pour le transférer à la Cathedrale – là il est deposé dans un caveau. Une grande foule regardait en silence ce spectacle lugubre – La cathedrale était illuminée, il y eut une belle musique, un prêtre suédois prononça un court discours, analogue à la circonstance et une décharge faite par un bataillon campé sur le cimetière termina la cérémonie.

Voilà ce triste recit, mon cher Auguste, qui m’a couté tant de larmes. J’ai le coeur navré de douleur quand je pense au desespoir de votre pauvre mere et de votre soeur. Hélas que ne puis-je être auprès de vous tous, pour aider à nous consoler mutuellement !

Encore un mot sur les affaires de votre frère que je soignerai de mon mieux. Le Gl Adlercreutz27 a donné ordre que ses domestiques, ses chevaux et tous ses effets fussent amenés ici. Je ferai vendre les chevaux, et je rembourserai au plutôt [sic] au Comte de Schwerin28, aide de Camp du Général Posse les frais de l’enterrement et quelques petites dettes qu’il a payées. Je conserverai tout ce qui peut vous être cher comme souvenir, par exemple ses armes. J’ai un profil de lui en contour dessiné par le Comte de Gröben29 et assez ressemblant que je conserverai aussi soigneusement. Massot à Genève30 a une fois fait son portrait je ne sais pas ce que cela est devenu.

Ecrivez-moi tout de suite, mon cher Auguste, et donnez moi bien exactement des nouvelles de la santé de votre mere et d’Albertine. – Je viens de voir le Cte de Montrichard31 l’un des Camarades de votre frere. Il me dit qu’Albert lui proposa de le mener à Dobberan à ses frais, mais qu’il ne voulut pas l’accepter à moins qu’Albert lui promît positivement de ne pas jouer. Voilà encore un homme qui aurait empêché ce malheur s’il avait été présent.

Alexis de Noailles32 qui à présent est officier d’ordonnance comme Albert l’était, est bien pénétré de notre douleur, il sent cela religieusement.

Le courier n’est pas encore parti – j’espere que je ne serai pas prévenu par les gazettes ou par la lettre de quelque anglais – l’amiral Hope33 a été présent. – Ayez bien soin, de communiquer cette nouvelle à votre mere de la maniere la moins subite et la moins effrayante. Mille adieux.

III. August Wilhelm Schlegel à Louis Dubois-Descours, marquis de la Maisonfort34

Stralsund ce 18 Juillet 1813

Depuis que vous avez quitté Stockholm, Monsieur le Marquis, je m’étais proposé de vous écrire, et l’ayant différé d’un temps à l’autre je me vois enfin forcé de le faire à l’occasion la plus triste du monde, et en vous priant de vous charger d’une commission infiniment pénible. Je vous demande bien pardon, mais vous concevrez mon embarras, je ne sais m’adresser qu’à vous. Il s’agit de communiquer une malheureuse nouvelle à Mad. de Stael et à sa famille – avec le plus grand ménagement que vous saurez le faire. Le jeune Staël a été tué dans un duel aux eaux de Dobberan, où il était allé pendant l’absence du Prince Royal de Suède – cet événement a fait une grande sensation dans toute l’armée et dans tout le pays. Il n’y a donc pas à tarder, car elle pourrait l’apprendre par les gazettes, il y avait des Anglais à Dobberan lorsque cela est arrivé. Peut-être aussi le Général Benkendorf a déjà informé Mad. la Comtesse de Lieven35. Si Mr. de Stael est à Londres comme je suppose, je vous prie de le prévenir et de lui remettre les deux lettres – s’il est parti, il faudrait d’abord préparer Madame de Staël et lui remettre la petite lettre, en réservant celle qui est adressée au frère pour le moment où elle serait devenue plus calme. Cette lettre contient tous les détails, et ces détails malheureusement ne sont pas de nature à adoucir la douleur. C’était une querelle de jeu qui amena le duel – et ce n’était pas un digne adversaire. Tous les soins imaginables ont été infructueux pour faire revenir mon élève de ces écarts qui ont amené sa perte, – il a expié bien rudement les follies d’une jeunesse fougueuse, par l’impossibilité de deployer les nobles qualités que sa légèreté cachait. Moi, j’étais à 50 lieues de distance – j’ai un regret infini à ce que votre fils36 n’ait pas été là, il avait reussi quelques semaines auparavant à Lauenburg37 à arranger à l’amiable un duel, dans lequel Albert de Staël l’avait appelé comme témoin.

Je suis incapable de vous écrire aujourd’hui sur d’autres sujets – je me le reserve pour la fois prochaine, et je tacherai de vous dédommager d’une lettre aussi triste en tachant de vous mander quelque chose d’interessant si je suis en état de le faire. On m’a beaucoup parlé d’un écrit fort éloquent que vous avez fait contre le Cardinal Maury38 je n’ai pas encore pu me le procurer.

Votre fils que j’ai le plaisir de retrouver ici en bonne santé après son absence, se plaint de ce qu’il n’a pas de vos nouvelles. Je vous prie de présenter mes respects à Mr. le Comte et à Mad. la Comtesse de Lieven39, et d’agréer l’assurance de ma consideration la plus distinguée.

V. tr. h. & ob. Serviteur
Schlegel

IV. August Wilhelm Schlegel à Germaine de Staël

Stralsund ce 22 Juill 1813

Chère et adorable amie, quel coup funeste m’a-t-il fallu vous porter dans ma derniere lettre ! J’espère que Dieu vous aura soutenue dans cette occasion. J’ai su que le nom de mere a été le dernier qu’Albert ait prononcé. Cela m’a été une grande consolation. Ce moment fatal, auquel nul mortel n’échappe, ce moment sans défense était arrivé pour sa jeunesse si courageuse et si confiante – alors ses yeux, avant de se fermer pour toujours, ont été dessillés de toutes leurs illusions terrestres – il se sentait mourir et son appel filial exprima le repentir de vous causer le chagrin le plus amer par sa mort après tout ceux [sic] que sa vie vous avait causés. Il vous invoquait comme son ange tutelaire comme son intercesseur auprès de la Divinité. – un tel repentir efface des torts bien plus graves, car Dieu est toujours aux aguets à l’entrée des coeurs humains, il s’y précipite au premier mouvement qui est tourné vers lui.

En général on rend bien justice à son bon coeur et ses nobles qualités – surtout les militaires d’un certain age m’ont témoigné vivement leurs regrets et l’intérêt qu’ils prennent à votre peine. Les jeunes camarades pour la plupart se taisent, mais leur silence parle. Sa reputation militaire était faite en étonnamment peu de temps – je recueillerai là dessus des détails pour vous les transmettre. –

Ce triste sujet vient souvent entre le Prince Royal et moi. J’éclatai en larmes la premiere fois – il me dit sur mes excuses : « Cela vous honore. » – J’ai reçu votre lettre du 2 Juillet avec l’incluse pour Albert. Je l’ai ouverte et je l’ai lue au Prince, pour lui faire voir avec quelle force vous tachiez de le ramener dans la ligne droite. Il a été frappé de ce langage si sévère, sous lequel cependant on démèle la tendresse maternelle. Ce même mélange je le retrouve dans vos autres lettres, que j’ai parcourues avec un profond attendrissement. Je vous les conserve pour votre consolation. Et la tendresse innocente de cette pauvre Albertine ! Hélas que de moyens pour être heureux si le tourbillon des passions ne l’avait pas entraîné ! – Le Prince m’a chargé expressément de vous dire qu’il avait fait écrire au Général Posse son entiere approbation de tout ce qu’il avait fait à l’égard de l’enterrement. Le Cte de Schwerin, un jeune homme aimable et modeste, et qui a eu les soins les plus obligeans, m’a assuré avec une satisfaction naïve, qu’il n’avait jamais vu une aussi belle pompe funèbre que celle de votre fils ; et il a bien rencontré là dedans ma maniere de sentir, à moi qui suis toujours prêt à demander pour les funérailles d’une personne chère, comme Laërtès : What ceremonies else40 ?

Chere amie, je vous déchire le coeur – je ne sais pas écrire autrement, je pleure moi même à chaudes larmes. J’écris aujourd’hui en hâte parce que c’est la veille du départ du Prince, mais j’écrirai incessamment et par chaque occasion. Je profiterai de cette absence pour faire une course à Rostock et à Dobberan – le Prince R. a fort approuvé ce dernier devoir à rendre. Soignez votre santé, chere amie, et donnez m’en des nouvelles exactes. Je ne puis être tranquille avant votre première réponse ; et que serai-je après ?

Il faut que je finisse par un avertissement purement mondain. Tout ce que vous faites excite tellement l’attention et se sait si vite sur le continent, qu’il faut faire attention aux moindres choses. On dit que vous voyez beaucoup les membres de l’opposition. Cela peut même être utile si votre éloquence peut gagner quelque chose sur leur opinion à l’égard de certains points. Mais prenez garde de ne pas donner ombrage au ministère et de ne jamais critiquer leurs mesures, parce-que la parfaite harmonie entre lui et le pays dont vous venez, et les personnes auxquelles vous vous y intéressez le plus, est une chose infiniment essentielle41. On dit qu’un seigneur qui a dit que la France fesait fort bien de maintenir l’intégrité de son territoire actuel, venait souvent chez vous42 – c’est pourtant un des opposants les plus violents.

V. August Wilhelm Schlegel à Auguste de Staël

Stralsund ce 22. Juill. 13

Je vous ai écrit à vous, mon cher Auguste, et à votre mere il y trois jours ; les lettres vous auront été remises par Mr. de la Maisonfort. Je l’ai prié de vous préparer à l’affreuse nouvelle de la mort de votre frère ; mais comment peut-on préparer à un pareil événement ? Je désire bien impatiemment apprendre comment votre mere aura supporté ce coup de foudre, et comment elle et Albertine se portent. Mais avec les lenteurs actuelles de nos communications avec l’Angleterre, il ne faudra attendre encore long-temps, et toutes les bonnes nouvelles antérieures ne pourront que me navrer le coeur, parce que je sais que tout cela va être troublé.

Je reviendrai tout de suite à ce triste sujet, mais dans l’incertitude de combien de temps il me restera pour vous écrire, je commencerai d’abord par vous donner an essential hint qu’on m’a suggéré. On pense qu’il y aurait pour vous de l’inconvénient à séjourner trop longtemps à Londres, parce que vous avez une autre mission, laquelle même ne laissera pas de donner tout de suite à faire, à cause de la remise de la Guadeloupe43 &c. Si vous restez à Londres sans vous mêler des affaires, cela pourrait donner la fausse idée comme si vous aviez en Angleterre une mission à part. Si au contraire vous vous offrez pour travailler chez votre légation, cela pourrait exciter de la jalousie, on vous supposerait peut-être le projet de planter là votre mission nominale pour en avoir une autre. Je vous dis tout cela de bonne main. Vous souhaitez certainement prolonger votre séjour auprès de votre mere dans sa tristesse autant qu’il sera possible, mais il n’y aurait point d’inconvénient à lui tenir compagnie à la campagne, ou dans un voyage dans l’intérieur. D’ailleurs à l’heure qu’il est Londres sera désert, et peut-être n’y êtes vous déjà plus.

Quels tristes jours j’ai passé [sic] depuis ma derniere lettre. Le Cte de Schwerin, lieutenant dans les gardes suédoises, l’un des fils de l’ecclésiastique44, est venu me remettre les effets de votre pauvre frère. J’avais temoigné de l’aversion pour l’idée d’une vente publique de quoi que ce soit, là dessus le Gl Adlercreutz donna ordre de faire venir tout ici, les deux chevaux ont aussi été amenés. Tous ses habits militaires et ses armes sont là dans ma chambre. Je vous reserve le sabre avec lequel il a livré ce combat funeste – c’est un présent du Prince Royal dont il porte le chiffre ; – vous aurez de même son épée d’officier d’ordonnance ; je pense qu’elle s’accorde avec votre uniforme diplomatique, et vous serez bien aise de l’avoir. J’ai cherché soigneusement ce qui pourrait servir de souvenir à votre mere et à votre soeur, – mais je n’ai rien trouvé. Je crois lui avoir vu deux bagues, on m’assure que dans le dernier temps il n’en portait qu’une, un gros anneau d’or. Le domestique m’a juré que cette bague était à son doigt lorsqu’il l’emporta mort de la place de combat, mais que le lendemain matin elle ne se trouvait plus. Une chaine d’or, qu’il portait d’ordinaire au cou, ne se trouve également pas, – peut-être s’en était-il défait. Sa montre se trouve chez un horloger à Rostock, d’où je la retirerai. Mais je vous écrirai à part sur les affaires pécuniaires que je soigne de mon mieux.

Hélas, mon cher et bon ami, ils m’ont aussi apporté les vêtements qu’il portait dans le combat, tout trempés de son sang, – comme on apportait à Jacob les dépouilles sanglantes de son Joseph45. Mais cette mort était feinte – celle-ci est aussi certaine qu’elle a été subite. Je ne prends pas sur moi de détruire cette trace lugubre de sa mort, j’envelopperai soigneusement ces vêtemens, je les cacherai et j’inscrirai sur une enveloppe intérieure ce que le papier contient – votre adresse au dehors. Je ne puis pas deviner votre manière de sentir à cet égard – peut-être voudrez-vous avoir la déchirante satisfaction de voir ces restes avant de leur rendre les derniers honneurs – jusqu’à ce que je sache, ils pourront rester en depôt.

Le Prince Royal part demain pour une tournée militaire46 – il m’a dispensé pour cette fois-ci de l’accompagner, & je compte faire une course à Dobberan et à Rostock pour voir l’endroit où votre frere a été tué, et l’emplacement de son tombeau, afin que je puisse vous donner des renseignemens, en cas que votre mere voulût y faire mettre quelque inscription monumentale.

J’ai reçu de nouveaux détails de la part du Cte de Schwerin, lesquels en partie s’accordent avec ceux que j’avais déjà, en partie varient un peu, comme il arrive dans un événement subit et inattendu qui frappe de consternation tous les témoins. Albert avait si peu l’idée de précaution qu’il n’avait rien sur la tête, il avait jeté son tchaco47 par terre – il portait une cravate noire mais fort lachement nouée, comme c’était sa coutume ; s’il l’avait eue serrée il est probable que le coup aurait été arrêté en partie. Il alla au combat sur un cheval russe dressé à caracoles, et qu’il se plaisait à faire sauter. Mr. de Hammerstein48 m’assure qu’ici dans la rue il a vu Albert en grand danger, étant jété sur le cou du cheval, qu’il le supplia de descendre, mais qu’Albert remonta tout de suite. Ce jour-là aussi le cheval le jeta dans l’air, mais il retomba heureusement sur la selle. Il paraît que son agitation voulait se faire jour de toutes les façons. Le jeu l’avait fort échauffé, il avait tout perdu, et il en était plus irritable. Il était si peu disposé à différer, qu’il insista déjà pour se battre dans la chambre d’un des témoins logé dans la même maison avec le Gl Benkendorf. Peu de temps auparavant il avait voulu emprunter 20 ducats du Cl Biörnstjerna, qui lui dit : « Je n’ai point d’argent de reste moi-même – d’ailleurs vous voulez l’employer pour jouer, aussi je ne ferais pas bien. » – Les seconds et les autres officiers russes présents comme témoins proposerent le sabre pour arme, parce que la querelle n’était pas assez grave pour l’épée ou le pistolet. Leur tort est de ne pas avoir exigé la présence d’un officier Suédois. – Albert resta debout après le coup mortel, le corps penché en arriere et les bras en avant comme frappé d’immobilité – le sabre tomba de sa main. Le sang coulait d’abord le long de sa chemise et de son corps – lorsque les témoins accoururent pour le soutenir, il rendit le sang aussi par la bouche et expira au même instant, avant d’être tombé par terre. Il mourut sans convulsion et ses traits ne furent aucunement altérés. Les témoins ont assuré Mr. de Schwerin qu’ils avaient entendu dans les derniers momens cette exclamation : « Ah maman ! ou Ah ma mère ! » – Comme la trachée-artère était entamée il ne pouvait pas articuler distinctement, mais les témoins ont distingué la syllabe ma, répétée plusieurs fois. Je ne saurais vous dire, mon cher Auguste, combien j’ai été touché de cela. Cet appel filial contient un monde de sentimens et de souvenirs douloureux :

– – – – The rest is silence49 – – – –

Je vous fais pleurer, mon cher Auguste, et je pleure moi même en écrivant – il n’y a que cela à faire.

Votre pauvre soeur quelles ameres larmes elle aura versées ! Soignez je vous en supplie la santé de votre mere qui était déjà si altérée en Suède. Que ne puis-je être auprès d’elles ! Mais cela est impossible dans ce moment, – je ne puis pas quitter la partie aussi long-temps qu’il y a une étincelle d’éspérance pour le retablissement de ma patrie. Ma vie, mon honneur et toutes mes facultés sont engagés dans cette cause. Le P. R. m’a dit bien expressément encore ce matin qu’il fallait que je fusse toujours à son quartier général ; Mr. de Wetterstedt aussi m’a parlé de nouvelles occupations. Bientôt il doit être décidé si la guerre recommencera ou non – si l’armistice est de nouveau prolongé on pourra hardiment supposer que toutes nos espérances sont perdues par la faute du ministre d’Autriche50. En Prusse l’esprit public est le meilleur du monde. La vie et ses devoirs nous arrachent forcément aux pensées de tombe et de mort – il faut sauver s’il est possible, l’humanité souffrante – la retraite réligieuse ne nous est pas permise dans ce moment – les détails de l’oppression qu’on fait éprouver aux habitans d’Hambourg sont affreux et font dresser les cheveux sur la tête. On force les femmes et les vieillards à travailler aux fortifications, on a enlevé à Lubeck 200 enfans de 13 ans pour la marine. Je ne parle pas de la ruine des fortunes. – Hélas le pauvre Albert a mis bien du zèle à les garantir de ce sort – Dieu doit lui compter cela. Il l’aurait au moins adouci ce sort, s’il avait réussi en tout, car il m’a assuré qu’il avait été au moment de prendre le Maréchal Davoust qui est le grand bourreau51 – Albert faisait une reconnaissance au delà de l’Elbe. Davoust avait fait une course en voiture pour déjeuner à une maison de campagne – mais l’embuscade fut ébruitée par un Cosaque qui s’était fourvoyé, et Davoust se détourna à temps. Du reste Albert fesait la guerre noblement et sans rancune – il avait pris des jeunes conscrits de Paris, il m’assura qu’il en eut une véritable pitié.

Adieu, mon cher Auguste, je m’en vais écrire encore à votre mere et le temps presse. Je ne cesserai pas d’écrire assidûment jusqu’à ce que j’ai entierement achevé ce lamentable compte à rendre.

Mon conseil du commencement au fond se rapporte à un état sans chagrin. Si votre mere est le moins du monde indisposée, vous êtes bien autorisé un plus long délai [sic].

***

Les lettres d’August Wilhelm Schlegel publiées ici pour la première fois52 ont été rédigées du 18 au 22 juillet 1813 à Stralsund (Poméranie suédoise) à l’intention de trois destinataires : Germaine de Staël, son fils Auguste, le marquis de Maisonfort, qui se trouvent tous les trois en Angleterre. Elles ont pour objet de les informer de manière circonstanciée d’un tragique événement survenu le 12 juillet à Doberan, petite ville thermale proche de Rostock : la mort, au cours d’un duel au sabre, du jeune Albert de Staël, le fils cadet de Mme de Staël, auquel Schlegel avait servi de précepteur quelques années plus tôt. Il venait d’être tué par un obscur officier prussien servant dans l’armée russe. Ses lettres donnent de Schlegel l’image d’un être sensible et responsable, bouleversé par l’événement, qui s’efforce d’épargner et de consoler la mère autant qu’il est possible, sans perdre tout à fait de vue les événements politiques et la grande cause à laquelle ils se vouent tous les deux avec passion.

Comment expliquer la mort de ce jeune homme dans une région si éloignée de sa patrie genevoise ? Comme il arrive dans les périodes agitées, ce destin individuel a été déterminé par le cours de la grande Histoire : Albert est officier dans l’armée suédoise, qui s’apprête à entrer en guerre contre Napoléon aux côtés de la Russie et de la Prusse. Mais son caractère indocile et intempérant, bien connu de Schlegel, est la cause immédiate du drame.

Au printemps 1813, le nord et l’est de l’Allemagne sont le théâtre de la lutte opposant d’une part Napoléon, avec des troupes françaises et quelques alliés allemands ; d’autre part, une coalition russo-prussienne, aiguillonnée et financée par l’Angleterre. L’enjeu est gigantesque : il s’agit pour la coalition d’en finir avec l’hégémonie française sur l’Europe et sa domination sur l’Allemagne ; pour Napoléon, d’en sauvegarder au moins une partie afin de préserver son prestige et à terme son trône.

Or, les forces en présence sont plus équilibrées qu’elles ne l’étaient naguère. Au cours de l’année 1812, l’expédition de Russie avait conduit l’empereur jusqu’à Moscou, mais la retraite avait tourné au désastre, le froid glacial aidant. Le départ de Napoléon, quittant l’armée pour rentrer à Paris, avait encore aggravé la situation, d’autant plus que les deux contingents alliés qui couvraient les ailes de l’armée française, les Prussiens au nord, les Autrichiens au sud, se sont retirés dès janvier 1813 : Yorck a livré Königsberg, Schwarzenberg a ouvert le duché de Varsovie. Les Français ont dû se replier sur la Vistule puis sur l’Oder avant de s’arrêter sur l’Elbe. Berlin a été évacué le 4 mars, Hambourg le 12, tandis que les Russes de Tettenborn étaient accueillis en libérateurs53.

Les événements militaires ont eu des effets diplomatiques. Le roi de Prusse, d’abord réticent, s’est allié officiellement avec l’empereur de Russie (traité de Kalisch, 1er mars), puis il a lancé le fameux appel « À mon peuple » et déclaré la guerre à la France (17 mars). Les duchés de Mecklembourg ont abandonné la Confédération du Rhin. L’Autriche a repris sa liberté à l’égard de Napoléon et prétend exercer une médiation. D’autres alliés de la France hésitent : le roi de Saxe, le roi de Danemark.

La Suède enfin constitue un enjeu essentiel. Elle est dirigée par le « prince royal » Charles Jean (Bernadotte). Maréchal de l’Empire français, il a été élu prince héritier par la Diète en 1810 avec l’assentiment de Napoléon, mais des contentieux ont surgi ensuite, entraînant l’occupation de la Poméranie suédoise par Davout (février 1812) et un rapprochement de Bernadotte avec la Russie. Lors de la guerre franco-russe, il rencontre Alexandre à Abo, en Finlande (30 août), et signe avec lui un traité qui lui promet la Norvège, possession danoise, en échange du retrait de la menace suédoise sur Saint-Pétersbourg. Plusieurs divisions russes deviennent ainsi disponibles contre les Français.

La question de la Norvège ne cesse de sous-tendre au cours des mois suivants le jeu assez compliqué de Bernadotte entre Napoléon et la coalition. Il a rompu solennellement avec la France en janvier 1813, mais négocie avec elle en sous-main. Il traite en mars avec l’Angleterre, dont il obtient la Guadeloupe et des subsides mais non la Norvège : les alliés espérant amener le Danemark dans leur camp, il est difficile de le spolier d’emblée. Lorsque les Français évacuent Hambourg, un contingent danois s’y est brièvement installé : pour la défendre contre leur retour ou pour la leur remettre ultérieurement ? Les Suédois, ayant réoccupé la Poméranie, seraient à portée d’intervenir à Hambourg. Bernadotte s’y refuse et fait casser le général qui a enfreint ses ordres en envoyant quelques unités pour soutenir les Russes de Tettenborn. Les Français reprennent finalement Hambourg le 30 mai. Le maréchal Davout ordonne aussitôt des mesures très énergiques pour défendre la ville contre un retour des alliés – il parviendra à la conserver jusqu’en mai 181454.

Entre-temps, Napoléon a pris l’offensive en Saxe et remporté plusieurs succès : victoire de Lützen (2 mai), reprise de Dresde (8 mai), victoire de Bautzen (21 mai). Les alliés, en difficulté, pressent Bernadotte de les rejoindre. Il franchit la mer, arrive à Stralsund le 17 mai, hésite encore. Sans être formellement en guerre, il se trouve en Poméranie à la tête d’une armée d’environ 50 000 hommes, plus ou moins imbriqués sur le terrain avec les unités alliées qui occupent le nord de l’Allemagne. Son quartier général offre d’ailleurs un caractère assez cosmopolite : on y trouve des officiers prussiens et russes, des émigrés français au service de la Suède ou de la Russie, des observateurs anglais, des envoyés de Louis XVIII…

Or, voici que survient la nouvelle de l’armistice signé le 4 juin à Pleisswitz. Une erreur de Napoléon : la trêve permet à la coalition de se renforcer, à l’Autriche de se préparer à la rejoindre et à l’Angleterre de resserrer les liens entre les alliés. Arrive là-dessus la nouvelle d’une grave défaite française à Vitoria, en Espagne. Bernadotte quitte alors Stralsund le 6 juillet pour aller se concerter à Trachenberg, en Silésie, avec le tsar, le roi de Prusse et des représentants de l’Autriche et de l’Angleterre. C’est lui qui fait adopter le plan qui permettra de vaincre Napoléon au cours des mois suivants : ne jamais l’affronter en personne mais battre successivement les corps détachés de ses maréchaux puis l’accabler sous le nombre. Bernadotte reçoit quant à lui le commandement d’une armée du nord comprenant des contingents russes, prussiens et suédois55. À son retour à Stralsund, le 17 juillet, il apprendra la nouvelle de la mort d’Albert de Staël.

Tandis que se décidaient les grandes affaires du monde, Albert de Staël avait suivi sa mère, partie de Coppet en mai 1812, passée par Moscou et Saint-Pétersbourg au cours de l’été, arrivée à Stockholm le 24 septembre. Elle connaissait fort bien Bernadotte, avec qui elle avait un peu « comploté » en 1802, et partageait son inimitié envers Napoléon56. Elle avait sans doute œuvré à la rencontre d’Abo entre Alexandre et Charles Jean. Au cours de son séjour en Suède, qui se prolongea jusqu’en mai 1813, elle fut la conseillère très écoutée du prince royal, qu’elle ne cessa d’exhorter à rejoindre la coalition57. Elle le persuade aussi, et fait campagne dans ce sens, qu’il pourrait devenir roi de France si Napoléon était chassé du trône. Elle avait mis en outre à sa disposition, comme secrétaire privé, son propre conseiller, le précepteur de ses enfants, August Wilhelm Schlegel. Ce dernier allait rédiger bientôt, sous les yeux de Mme de Staël, une brochure intitulée Le Système continental et ses rapports avec la Suède, appelant celle-ci à rejoindre la coalition anti-napoléonienne58. Ayant suivi Bernadotte à Stralsund, Schlegel informe régulièrement Germaine des dernières nouvelles, y compris celles qui concernent son fils.

August Wilhelm Schlegel est assurément l’homme qui connaît le mieux Albert. Il a été son précepteur et son ami. Mattias Albrekt de Staël-Holstein, né le 20 novembre 1792 à Rolle, est sans doute en réalité, comme son frère aîné Auguste, le fruit des amours de sa mère et du comte Louis de Narbonne59. Elle plaçait de grands espoirs en eux et il n’était pas facile d’être le fils d’une célébrité européenne, et Albert en a ressenti le poids davantage que son frère et sa sœur. Son caractère indocile, qui ressurgit plus d’une fois au cours de sa période militaire, s’était manifesté très tôt. Il résulte sans doute, même si l’on n’a guère de témoignages précis là-dessus, d’une relation compliquée avec sa mère.

C’est au cours de son premier voyage en Allemagne (1803-1804), alors qu’Albert avait été laissé aux soins de son grand-père à Coppet, que Mme de Staël fit la connaissance d’August Wilhelm Schlegel. Elle souhaita le faire venir à Coppet pour être son interlocuteur et conseiller en vue de son livre De l’Allemagne, mais surtout comme précepteur de ses enfants : « Schlegel est un homme inouï pour donner des leçons60 », écrit-elle à son père.

Dans le programme d’éducation de Schlegel figuraient les langues étrangères (latin et allemand) et les sciences humaines, mais aussi l’exercice physique. Peu après le retour à Coppet, on fit ainsi l’acquisition d’un cheval pour donner aux garçons les premiers rudiments de l’équitation61. On entreprit aussi de nombreuses excursions, auxquelles Albert participa, par exemple au mont Dôle62 et autour du lac Léman63. Pour Albert, décrit jusque-là comme « très sauvage et inconstant », la vie avec Schlegel aurait eu un effet bienfaisant et il serait devenu « aimable64 ». Schlegel était dans l’ensemble satisfait de son élève, même si celui-ci avait encore des difficultés avec « l’orthographe et même l’écriture65 » de l’allemand. Il est vrai que l’adolescent de quatorze ans montrait surtout de l’intérêt pour la chasse : « Il a une grande envie de se faire chasseur de chamois, et qui sait si ce n’est pas sa véritable destination66 ».

C’est au cours de l’année 1807 qu’Albert produisit son seul travail proprement littéraire : la traduction en français d’un roman de chevalerie, Lother und Maller, que Friedrich Schlegel avait publié avec son épouse Dorothée d’après un manuscrit trouvé dans une bibliothèque de Cologne67. La traduction d’Albert parut sans nom d’auteur à Genève en 1807. Sa mère avait cependant rédigé une courte « Préface de l’éditeur68 » où elle louait le « petit garçon de 14 ans » dont le style naïf « rend assez bien l’ancien langage69 ».

Albert intégra finalement l’école des cadets à Vienne en mai 1808, lors du séjour que Mme de Staël fit en Autriche70. Après le départ de sa mère, ce fut Friedrich Schlegel qui se chargea de lui. Les lettres que ce dernier écrivit alors à son frère attestent les progrès d’Albert mais aussi des problèmes de discipline récurrents.

Il existe très peu de documents relatifs à la vie d’Albert, de sorte que celle-ci n’a pas fait l’objet d’études. On ne dispose pas de ses papiers, à supposer qu’ils existent. Sa conduite paraît avoir causé plusieurs fois du souci, mais ce que nous savons de lui n’a rien d’extraordinaire pour un adolescent : une passion précoce pour les cochons d’Inde71, une morsure de chien72, diverses maladies de jeunesse, une affection pour laquelle sa mère le conduit à Aix-les-Bains en mai 181173, une maladie à Moscou à la fin de l’été 181274 et quelques amourettes : avec Ida Brun, une jeune fille de son âge75 ou avec une « dame de Blois76 » qu’Auguste trouva « toute gracieusement minaudière77 ».

Il est rare cependant qu’Albert donne entière satisfaction à sa mère et à son précepteur. « Albert n’est pas d’une activité prodigieuse, écrit ainsi Schlegel à Germaine ; cependant il lit et il s’occupe. De deux jours l’un il va à la chasse. Il faut bien lui accorder cet exercice – c’est un goût innocent et même utile78 ». Quant à son comportement, Schlegel conclut souvent qu’il est « incorrigible79 ». Son frère Auguste nourrit même quelques craintes : « Sa vivacité pourrait avoir beaucoup d’inconvénients pour lui80 ». Ces réflexions devaient se révéler prophétiques, l’étourderie que le jeune garçon avait manifestée dans son enfance s’exprimant cette fois sur un théâtre particulièrement dangereux.

Albert, qui était Suédois par son père, avait reçu de Bernadotte, dès son arrivée, un brevet de lieutenant de hussards attaché à sa personne. Il exhibait fièrement son bel uniforme dans les réunions mondaines de la capitale, mais brûlait aussi de prendre part aux combats. Arrivé à Stralsund à la fin d’avril 1813, il n’y attend pas le prince en dépit des ordres reçus, rejoint les cosaques de Tettenborn à Hambourg et participe à la défense de la ville contre le retour des Français. Divers témoignages attestent sa bravoure, confinant à la témérité, mais aussi de mauvaises fréquentations et une conduite discutable. Il fait de grandes pertes au jeu. À son retour à Stralsund, suite à la reprise de Hambourg, il est puni par Bernadotte d’un bref exil dans l’île de Rügen dont il revient le 24 juin. La suite est racontée dans les lettres de Schlegel. Son frère Auguste n’était arrivé en Suède qu’en mai 1813, et repartit presque aussitôt pour l’Angleterre avec sa mère et sa sœur Albertine. C’est là qu’il reçut la lettre lui annonçant la fatale nouvelle.

La grande époque des duels commence après 1820, et elle fit quelques victimes illustres : Pouchkine et Lermontov en Russie, Evariste Galois et Armand Carrel en France, le socialiste Lassalle en Allemagne. Elle devait laisser aussi bien des balafres sur des visages d’étudiants allemands. Or, cette mode étonnante semble plonger ses racines dans les premières années du XIXe siècle.

Le duel relève d’une tradition aristocratique ancienne, héritage du jugement de Dieu médiéval. Très fréquent jusqu’au XVIIe siècle en France, il avait reculé ensuite du fait des interdictions royales et plus encore de l’ironie du siècle des Lumières, mais n’avait pas complètement disparu : un prince de Conti est tué en duel en 1755, le comte d’Artois se bat en 1786 contre son cousin le duc de Bourbon. Les sanctions demeurent symboliques. Néanmoins, l’interdiction était inscrite dans la loi, comme une sorte d’épée de Damoclès. C’est la Révolution française qui, en abolissant le droit pénal de l’Ancien régime en 1791, rend le duel parfaitement licite. Désormais, et jusqu’en 1843, aucune règle ne l’interdit en France – dès lors que le combat est loyal. Il connaît aussitôt une flambée, due en partie aux passions politiques. Lors de l’élaboration du nouveau Code pénal, en 1810, le Conseil d’État autorise même explicitement le duel81.

On ne cesse de se battre en duel dans l’armée française, à tous les niveaux, à l’épée le plus souvent. Les militaires, souvent issus du peuple, ont réactivé l’idéal aristocratique de la gloire et du point d’honneur. En outre, il existe un esprit de compétition entre régiments, ainsi qu’une émulation cultivée dans les salles d’armes. En effet, l’escrime n’est pas seulement un loisir, c’est une préparation au combat. Lors des batailles, il n’est pas rare que les cavaliers légers, les hussards notamment, s’affrontent en combat singulier, et les blessures dues au sabre sont fréquentes. Or, Albert est un hussard, tout comme ce Guindey qui tua le prince Louis-Ferdinand de Prusse lors de la bataille de Saalfeld en 1806.

Que ce soit en France ou dans les autres pays, le duel ne fait donc pas l’objet d’une condamnation morale ni juridique. Il est au contraire tenu pour honorable, voire inévitable dans certaines circonstances. Dans le cas d’Albert, c’est l’enjeu de la querelle qui est médiocre, et sans doute la qualité de l’adversaire, non le duel en lui-même. Schlegel regrette néanmoins que la bravoure du jeune homme n’ait pas trouvé un meilleur emploi. Quant à son adversaire, on ne sait ce qu’il est devenu. Il est peu probable néanmoins qu’il ait été puni pour ce seul fait, même si Auguste de Staël, dans sa réponse à Schlegel, paraît l’envisager82.

Restent la tristesse de cette mort tragique, et l’émotion évidente du précepteur. Quant à Germaine, elle n’avait cessé de s’inquiéter pour son fils au cours des semaines précédentes83. Schlegel s’efforçait de la rassurer, de faire ressortir la bravoure et la générosité d’Albert, sans pouvoir dissimuler que ses dissipations lui avaient attiré le blâme d’un certain nombre de personnes, à commencer par Bernadotte lui-même. Lorsqu’elle apprit à Londres la nouvelle de sa mort, le 6 ou le 7 août, sa mère en fut « navrée de douleur », ainsi qu’elle l’écrira à Friederike Brun, mais peut-être pas entièrement surprise84. Le premier moment d’émotion passé, elle semble regretter surtout le caractère peu héroïque de cette mort : « Ah ! s’il avait péri en combattant pour la liberté de l’Allemagne, j’aurais la moitié moins de souffrance85 ». La passion politique se mêle d’emblée à la douleur de la mère, tout occupée alors à relire les épreuves de son livre De l’Allemagne.

S’il est sans doute exagéré de prétendre comme Sismondi qu’elle a « bien supporté cette perte86 », il est vrai que l’activité lui procure un dérivatif efficace. Dès le 12 août, elle écrit plusieurs lettres assez longues, en particulier celle qu’elle adresse au général Moreau pour se réjouir de son arrivée et lui donner des conseils de conduite politique87. Le 13 août, elle quitte Londres pour la villégiature de Richmond, où l’amitié de la duchesse de Devonshire lui procurera quelques consolations. Par la suite, elle devra encore payer plusieurs fois les dettes laissées ici ou là par Albert, non sans en concevoir de l’irritation. Mais elle aura pour lui une dernière pensée attendrie lorsque se dessine le retour de la paix : « Hélas je n’ai plus deux fils88 ».

1 Ville allemande située sur la mer Baltique, en Poméranie suédoise (aujourd’hui dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale).

2 Hambourg, libérée par un coup de main du général russe Tettenborn en mars, avait été reprise par les Français en mai 1813.

3 Albert a participé à la défense de Hambourg contre le retour des Français. Les duchés de Mecklenburg-Schwerin et Mecklenburg-Strelitz avaient

4 Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), alors maréchal de l’Empire français, avait été désigné en 1810 comme successeur du roi Charles XIII (1809-1818

5 Graf Gustaf Carl Frederic Löwenhielm (1771-1856), général et diplomate suédois. Il s’était rangé depuis longtemps dans le camp hostile à la France ;

6 Sir Edward Thornton (1766-1852), diplomate britannique, ambassadeur en Suède de décembre 1807 à novembre 1808, revenu en octobre 1811 pour œuvrer à

7 Alexandre Antonovich de Balmain (1779-1848), diplomate russe. Il devait passer plusieurs années comme commissaire allié à Sainte-Hélène et épouser

8 Schlegel écrit ici le nom de la ville à la façon allemande, il l’écrira plus loin à la française.

9 Aujourd’hui Bad Doberan, à 80 km environ à l’ouest de Stralsund.

10 Sans doute le général Benckendorff (voir note 22).

11 Lars von Engeström (1751-1826), diplomate suédois, académicien. Il correspondait avec Mme de Staël.

12 Piotr L’vovic Santi (1770-1821), général major de l’armée russe ; Carl Carlheim-Gyllennsköld (1768-1819), adjudant général (colonel) de l’armée

13 Il s’agit de la fameuse entrevue de Trachenberg (voir ci-dessous).

14 Charles William Stewart, plus tard « Marquis de Londonderry » (1778-1854), colonel et diplomate britannique, attaché à la suite des armées alliées

15 Schlegel a écrit « le ».

16 Ce personnage n’a pu être identifié avec précision. Ce serait un officier prussien passé au service russe, et ayant servi dans la division du

17 Marthe Adrian Jacob van Brakell (1786-1822), lieutenant-colonel de cosaques.

18 Sans doute celui qui est cité dans les mémoires d’un général russe comme capitaine de hussards et aide de camp de Benckendorff, et qui sera tué à

19 Pour Gyllenskjöld, voir note 12. Magnus Fredrik Ferdinand Björnstjerna (1779-1847), officier, diplomate et écrivain suédois, qui devait s’illustrer

20 Jean-Baptiste Rapatel (1776-1814), devenu colonel dans l’armée russe. Présent aux côtés de Moreau lorsque ce dernier est blessé mortellement le 30 

21 Jean-Victor-Marie Moreau (1763-1813), général français, exilé aux États-Unis en 1804, était sur le point de revenir en Europe.

22 Alexander von Benckendorff (1781-1844), général russe, proche de l’empereur Alexandre.

23 Frédéric-Louis de Mecklenburg-Schwerin (1778-1819), prince héritier depuis 1785, a épousé une sœur de l’empereur Alexandre. Il sert comme

24 Frédéric-François, duc de Mecklenburg-Schwerin (1756-1837), père du précédent. Il règne depuis 1785, a adhéré à la Confédération du Rhin en 1807

25 Le « baron Albrecht Stahl vom Holstein » fut inhumé à Rostock, dans la chapelle Clausenheim de la Marienkirche. Le registre de l’église mentionna d

26 Carl Henric Posse (1767-1843), général suédois.

27 Carl Johan Adlercreutz (1757-1815), général, chef d’état-major de l’armée suédoise en 1813.

28 Filip Bogislaus von Schwerin (1790-1865), officier suédois.

29 Karl von der Groeben (1788-1876), officier prussien, alors capitaine, a servi dans l’armée russe au printemps 1813, avant d’être affecté à l’

30 Firmin Massot (1766-1849), peintre et graveur genevois. Son fusain d’Albert, conservé à Coppet, est reproduit dans le livre de Pauline de Pange

31 Nicolas-Alexis-Gabriel de Montrichard (1759-1834), émigré français, passé au service de la Suède, sera placé à la tête du régiment Royal Suédois au

32 Louis-Joseph-Alexis de Noailles (1783-1835), agent itinérant des Bourbons, chargé d’essayer de rallier Bernadotte à la cause d’une restauration de

33 George Johnstone Hope (1767-1818), contre-amiral.

34 « Louis » Dubois-Descours, marquis de la Maisonfort (1763-1827), général et écrivain. Émigré, revenu à Paris comme agent du comte d’Artois sous le

35 Dorothée de Lieven (1785-1857) est la sœur d’Alexandre von Benckendorff (voir note 22), et l’épouse de l’ambassadeur de Russie à Londres. Elle sera

36 Maximilien Dubois-Descours de la Maisonfort (1792-1848), fils de Louis (voir note 34), lieutenant dans l’armée russe. Il rentrera en France en 1814

37 Lauenburg an der Elbe, au sud-est de Hambourg.

38 Jean-Siffrein Maury (1746-1817), prêtre, membre de l’Académie française, député du clergé en 1789, avait d’abord été un adversaire résolu de la

39 Christophe de Lieven (1774-1839), ambassadeur à Londres, et son épouse Dorothée (voir note 35).

40 William Shakespeare, Hamlet, acte V, scène 1 : « What ceremony next ? »

41 Allusion au souhait de Mme de Staël de voir Bernadotte succéder à Napoléon en France. Les opposants notoires qu’elle rencontre à Londres sont les

42 Sans doute lord Holland (1773-1840), le neveu de Fox, qui était l’un des principaux critiques de la politique étrangère conduite par Castlereagh.

43 Auguste de Staël, à peine arrivé à Stockholm, avait été nommé secrétaire de légation par Bernadotte, et désigné pour accompagner le nouvel

44 Fredrik Bogilaus von Schwerin (1764-1834). Pour son fils, voir note 28.

45 Genèse 37, 31-35.

46 Bernadotte part d’abord pour Demmin, au sud de Stralsund.

47 Le shako est une coiffure militaire assez haute avec une visière.

48 Personnage non identifié.

49 William Shakespeare, Hamlet, acte V, scène 2.

50 Clément Wenceslas de Metternich (1773-1859), ministre des Affaires étrangères de l’Autriche depuis 1809, qui avait déjà fait prolonger la trêve de

51 Louis Nicolas Davout (1770-1823), maréchal de l’Empire, vainqueur des Prussiens à Auerstaedt en 1806, réputé pour son talent militaire mais aussi

52 Archives de Coppet. Notre transcription reproduit exactement le manuscrit de Schlegel sans en corriger ni moderniser l’orthographe ni la

53 Jean-François Brun, « Du Niémen à l’Elbe : la manœuvre retardatrice de la Grande armée », Revue historique des armées, n° 267, 2012, p. 3-32 [

54 Burghart Schmidt, Hamburg im Zeitalter der Französischen Revolution und Napoleons (1789-1813), Hambourg, Verein für Hamburgische Geschichte, 1998

55 Léonce Pingaud, Bernadotte et Napoléon 1797-1814, Paris, Plon, 1933, p. 205-212.

56 Germaine de Staël, Dix années d’exil, éd. Simone Balayé et Mariella Vianello Bonifacio, Paris, Fayard, 1996, p. 130.

57 « Ce thème semble avoir été l’objet récurrent de leurs conversations ; on en trouve l’écho dans la lettre que Staël écrit à Bernadotte le 8 juin au

58 Pour Schlegel et la politique, voir Otto Brandt, August Wilhelm Schlegel. Der Romantiker und die Politik, Stuttgart, Berlin, 1919 ; Roger Paulin

59 Mme de Staël, Lettres à Narbonne, éd. Georges Solovieff, Paris, Gallimard, 1960, p. 28.

60 Germaine de Staël à Jacques Necker, 31 mars 1804, Correspondance générale, V/1, éd. Béatrice W. Jasinski, Paris, Hachette, 1982, p. 300.

61 Schlegel à Sophie Bernhardi, 19 juin 1804, Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis, éd. Josef Körner, Bern/Munich, Francke, 1969

62 Schlegel à Sophie Bernhardi, 29 juin 1804, ibid., p. 114.

63 Schlegel à Sophie Bernhardi, 8 novembre 1805, Dreihundert Briefe aus zwei Jahrhunderten, éd. Karl von Holtei, Hanovre, Karl Rümpler, 1872, II, p. 

64 Schlegel à Sophie Bernhardi, 20 septembre 1805, Krisenjahre, I, p. 235.

65 Ibid.

66 Ibid.

67 Friedrich Schlegel, Lother und Maller eine Rittergeschichte. Aus einer ungedruckten Handschrift bearbeitet und herausgegeben von Friedrich Schlegel

68 Germaine de Staël, « Préface de l’éditeur », Lothaire et Maller, roman de chevalerie, traduit de l’allemand [par Albert de Staël], Genève, Paschoud

69 Ibid., p. I.

70 Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël,p. 222.

71 Ibid., p. 29.

72 Ibid., p. 313 et p. 319.

73 Ibid., p. 364.

74 Ibid., p. 431.

75 Bonstettiana. Briefkorrespondenzen Karl Viktor von Bonstettens und seines Kreises, éd. Dorits et Peter Walser-Wilhelm, Göttingen, Wallstein, 2007

76 Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël,p. 271.

77 Auguste à Germaine de Staël, 27 août 1812,Auguste de Staël, Correspondance. Lettres à sa mère (1805-1816), éd. Othenin d’Haussonville et Lucia

78 Schlegel à Germaine de Staël, 9 juin 1809, in Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël,p. 243.

79 Schlegel à Germaine de Staël, 15 août 1811, in ibid.,p. 311.

80 Auguste à Germaine de Staël, 24 décembre 1809, Auguste de Staël, Correspondance, I, p. 292.

81 Jean-Noël Jeanneney, Le duel : une passion française (1789-1914), Paris, Seuil, 2004 ; François Guillet, La mort en face. Histoire du duel de la

82 Auguste de Staël à Schlegel, 11 août 1813, Krisenjahre,II, p. 267-270.

83 Mme de Staël écrit ainsi à Schlegel le 23 mai 1813 : « Je suis inquiète de la conduite d’Albert. Il écrit de Hambourg du 6 mai et il paraît qu’il

84 La date du 12 août, proposée dans le tome VIII de la Correspondance générale (p. XXVI et p. 291), paraît peu vraisemblable. Auguste a répondu à

85 Lettre à Friederike Brun en date du 12 août, CG-VIII, p. 358. Avec le recul, elle reconnaît même que son fils avait eu de la flamme, tandis que ses

86 Lettre citée dans CG-VIII, p. 359 note.

87 Ibid., p. 362.

88 Lettre à sa cousine Albertine de Saussure du 25 février 1814, ibid., p. 475.

1 Ville allemande située sur la mer Baltique, en Poméranie suédoise (aujourd’hui dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale).

2 Hambourg, libérée par un coup de main du général russe Tettenborn en mars, avait été reprise par les Français en mai 1813.

3 Albert a participé à la défense de Hambourg contre le retour des Français. Les duchés de Mecklenburg-Schwerin et Mecklenburg-Strelitz avaient abandonné Napoléon et rejoint la coalition en mars 1813.

4 Jean-Baptiste Bernadotte (1763-1844), alors maréchal de l’Empire français, avait été désigné en 1810 comme successeur du roi Charles XIII (1809-1818). Il dirigeait de fait la politique du pays. August Wilhelm Schlegel lui était attaché comme secrétaire.

5 Graf Gustaf Carl Frederic Löwenhielm (1771-1856), général et diplomate suédois. Il s’était rangé depuis longtemps dans le camp hostile à la France ; Charles Jean Baptiste de Suremain (1762-1835), émigré français, entré au service de la Suède, auteur d’intéressants mémoires ; Carl Carlheim-Gyllenskiöld (1768-1819), amiral et auteur dramatique suédois ; Gustaf, comte Wetterstedt (1776-1837), ministre des Affaires étrangères, proche collaborateur de Bernadotte en 1812-1813.

6 Sir Edward Thornton (1766-1852), diplomate britannique, ambassadeur en Suède de décembre 1807 à novembre 1808, revenu en octobre 1811 pour œuvrer à la formation d’une alliance entre la Russie et la Suède.

7 Alexandre Antonovich de Balmain (1779-1848), diplomate russe. Il devait passer plusieurs années comme commissaire allié à Sainte-Hélène et épouser une fille de Hudson Lowe.

8 Schlegel écrit ici le nom de la ville à la façon allemande, il l’écrira plus loin à la française.

9 Aujourd’hui Bad Doberan, à 80 km environ à l’ouest de Stralsund.

10 Sans doute le général Benckendorff (voir note 22).

11 Lars von Engeström (1751-1826), diplomate suédois, académicien. Il correspondait avec Mme de Staël.

12 Piotr L’vovic Santi (1770-1821), général major de l’armée russe ; Carl Carlheim-Gyllennsköld (1768-1819), adjudant général (colonel) de l’armée suédoise puis contre-amiral.

13 Il s’agit de la fameuse entrevue de Trachenberg (voir ci-dessous).

14 Charles William Stewart, plus tard « Marquis de Londonderry » (1778-1854), colonel et diplomate britannique, attaché à la suite des armées alliées en 1813. Il devait représenter son pays au congrès de Vienne.

15 Schlegel a écrit « le ».

16 Ce personnage n’a pu être identifié avec précision. Ce serait un officier prussien passé au service russe, et ayant servi dans la division du général Benckendorff.

17 Marthe Adrian Jacob van Brakell (1786-1822), lieutenant-colonel de cosaques.

18 Sans doute celui qui est cité dans les mémoires d’un général russe comme capitaine de hussards et aide de camp de Benckendorff, et qui sera tué à Craonne en 1814 (Mémoires du général major Baron de Löwenstern (1776-1858), publiés par M. H. Weil, Paris, Fontemoing, 1903, p. 280).

19 Pour Gyllenskjöld, voir note 12. Magnus Fredrik Ferdinand Björnstjerna (1779-1847), officier, diplomate et écrivain suédois, qui devait s’illustrer à Leipzig ; Gyllenmalm et Taube sont des officiers suédois.

20 Jean-Baptiste Rapatel (1776-1814), devenu colonel dans l’armée russe. Présent aux côtés de Moreau lorsque ce dernier est blessé mortellement le 30 août 1813, il sera tué à La Fère-Champenoise le 25 mars 1814.

21 Jean-Victor-Marie Moreau (1763-1813), général français, exilé aux États-Unis en 1804, était sur le point de revenir en Europe.

22 Alexander von Benckendorff (1781-1844), général russe, proche de l’empereur Alexandre.

23 Frédéric-Louis de Mecklenburg-Schwerin (1778-1819), prince héritier depuis 1785, a épousé une sœur de l’empereur Alexandre. Il sert comme lieutenant général dans l’armée de la coalition.

24 Frédéric-François, duc de Mecklenburg-Schwerin (1756-1837), père du précédent. Il règne depuis 1785, a adhéré à la Confédération du Rhin en 1807 mais en est sorti en mars 1813.

25 Le « baron Albrecht Stahl vom Holstein » fut inhumé à Rostock, dans la chapelle Clausenheim de la Marienkirche. Le registre de l’église mentionna d’abord un accident comme cause de la mort, mais cette mention fut ensuite raturée et remplacée par les mots « en duel ». On ne sait où se trouvait exactement la tombe, qui a été enlevée en 1826 (nous remercions Gisa Franke et Frank Sakowski, de Rostock, pour ces informations).

26 Carl Henric Posse (1767-1843), général suédois.

27 Carl Johan Adlercreutz (1757-1815), général, chef d’état-major de l’armée suédoise en 1813.

28 Filip Bogislaus von Schwerin (1790-1865), officier suédois.

29 Karl von der Groeben (1788-1876), officier prussien, alors capitaine, a servi dans l’armée russe au printemps 1813, avant d’être affecté à l’état-major prussien. Il était promis à une brillante carrière : général en 1834, adjudant général du roi. C’est lui qui publiera les papiers posthumes de son ami Clausewitz.

30 Firmin Massot (1766-1849), peintre et graveur genevois. Son fusain d’Albert, conservé à Coppet, est reproduit dans le livre de Pauline de Pange, Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’après des documents inédits, Paris, Albert, 1938, p. 160 (pl. 4). Il a fait aussi deux portraits de Germaine de Staël (à Coppet et Lausanne).

31 Nicolas-Alexis-Gabriel de Montrichard (1759-1834), émigré français, passé au service de la Suède, sera placé à la tête du régiment Royal Suédois au cours de l’été 1813, puis envoyé en France par Bernadotte afin de surveiller son épouse Julie.

32 Louis-Joseph-Alexis de Noailles (1783-1835), agent itinérant des Bourbons, chargé d’essayer de rallier Bernadotte à la cause d’une restauration de Louis XVIII en France.

33 George Johnstone Hope (1767-1818), contre-amiral.

34 « Louis » Dubois-Descours, marquis de la Maisonfort (1763-1827), général et écrivain. Émigré, revenu à Paris comme agent du comte d’Artois sous le Consulat, il a séjourné ensuite en Russie. Passé par la Suède en 1812, il se trouve alors auprès de Louis XVIII à Londres.

35 Dorothée de Lieven (1785-1857) est la sœur d’Alexandre von Benckendorff (voir note 22), et l’épouse de l’ambassadeur de Russie à Londres. Elle sera la maîtresse de Metternich puis de Guizot.

36 Maximilien Dubois-Descours de la Maisonfort (1792-1848), fils de Louis (voir note 34), lieutenant dans l’armée russe. Il rentrera en France en 1814 et finira lieutenant général.

37 Lauenburg an der Elbe, au sud-est de Hambourg.

38 Jean-Siffrein Maury (1746-1817), prêtre, membre de l’Académie française, député du clergé en 1789, avait d’abord été un adversaire résolu de la Révolution. Émigré, cardinal en 1794, il se rallie ensuite à Bonaparte, qui le nomme archevêque de Paris en 1810. Maisonfort venait de publier une Lettre à Son Eminence Mgr le cardinal Maury sur son mandement, Londres, 1813.

39 Christophe de Lieven (1774-1839), ambassadeur à Londres, et son épouse Dorothée (voir note 35).

40 William Shakespeare, Hamlet, acte V, scène 1 : « What ceremony next ? »

41 Allusion au souhait de Mme de Staël de voir Bernadotte succéder à Napoléon en France. Les opposants notoires qu’elle rencontre à Londres sont les principaux membres du parti whig : lord Grey, Samuel Whitbread et James Mackintosh.

42 Sans doute lord Holland (1773-1840), le neveu de Fox, qui était l’un des principaux critiques de la politique étrangère conduite par Castlereagh.

43 Auguste de Staël, à peine arrivé à Stockholm, avait été nommé secrétaire de légation par Bernadotte, et désigné pour accompagner le nouvel ambassadeur de Suède aux États-Unis. Ils devaient passer par la Guadeloupe. Mais Auguste s’attarda à Londres, où il demeura finalement. La Guadeloupe, île française des Antilles, avait été prise par les Anglais en 1810 et promise à Bernadotte dans le cadre du traité anglo-suédois du 3 mars 1813. Elle sera cependant restituée à la France en 1814.

44 Fredrik Bogilaus von Schwerin (1764-1834). Pour son fils, voir note 28.

45 Genèse 37, 31-35.

46 Bernadotte part d’abord pour Demmin, au sud de Stralsund.

47 Le shako est une coiffure militaire assez haute avec une visière.

48 Personnage non identifié.

49 William Shakespeare, Hamlet, acte V, scène 2.

50 Clément Wenceslas de Metternich (1773-1859), ministre des Affaires étrangères de l’Autriche depuis 1809, qui avait déjà fait prolonger la trêve de Pleisswitz pour permettre à l’Autriche de parachever ses préparatifs militaires, mais que Bernadotte soupçonnait de chercher un arrangement avec Napoléon.

51 Louis Nicolas Davout (1770-1823), maréchal de l’Empire, vainqueur des Prussiens à Auerstaedt en 1806, réputé pour son talent militaire mais aussi pour sa dureté. Chargé par Napoléon de conserver à tout prix Hambourg, il prit des mesures impitoyables pour y parvenir.

52 Archives de Coppet. Notre transcription reproduit exactement le manuscrit de Schlegel sans en corriger ni moderniser l’orthographe ni la ponctuation. Les erreurs de grammaire manifestes sont néanmoins signalées par le mot sic placé entre crochets.

53 Jean-François Brun, « Du Niémen à l’Elbe : la manœuvre retardatrice de la Grande armée », Revue historique des armées, n° 267, 2012, p. 3-32 [disponible en ligne].

54 Burghart Schmidt, Hamburg im Zeitalter der Französischen Revolution und Napoleons (1789-1813), Hambourg, Verein für Hamburgische Geschichte, 1998, I, p. 683-738 ; Michel Kerautret, « Napoléon et Hambourg », Napoléon 1er, n° 45, 2007, p. 20-30.

55 Léonce Pingaud, Bernadotte et Napoléon 1797-1814, Paris, Plon, 1933, p. 205-212.

56 Germaine de Staël, Dix années d’exil, éd. Simone Balayé et Mariella Vianello Bonifacio, Paris, Fayard, 1996, p. 130.

57 « Ce thème semble avoir été l’objet récurrent de leurs conversations ; on en trouve l’écho dans la lettre que Staël écrit à Bernadotte le 8 juin au moment de quitter la Suède », Germaine de Staël, Correspondance générale, VIII, éd. Jean-Daniel Candaux et Stéphanie Genand, Genève, Slatkine, 2017, p. 287.

58 Pour Schlegel et la politique, voir Otto Brandt, August Wilhelm Schlegel. Der Romantiker und die Politik, Stuttgart, Berlin, 1919 ; Roger Paulin, The Life of August Wilhelm Schlegel. Cosmopolitan of Art and Poetry, Cambridge, Open book publishers, 2016, p. 345-393.

59 Mme de Staël, Lettres à Narbonne, éd. Georges Solovieff, Paris, Gallimard, 1960, p. 28.

60 Germaine de Staël à Jacques Necker, 31 mars 1804, Correspondance générale, V/1, éd. Béatrice W. Jasinski, Paris, Hachette, 1982, p. 300.

61 Schlegel à Sophie Bernhardi, 19 juin 1804, Krisenjahre der Frühromantik. Briefe aus dem Schlegelkreis, éd. Josef Körner, Bern/Munich, Francke, 1969, I, p. 111.

62 Schlegel à Sophie Bernhardi, 29 juin 1804, ibid., p. 114.

63 Schlegel à Sophie Bernhardi, 8 novembre 1805, Dreihundert Briefe aus zwei Jahrhunderten, éd. Karl von Holtei, Hanovre, Karl Rümpler, 1872, II, p. 76.

64 Schlegel à Sophie Bernhardi, 20 septembre 1805, Krisenjahre, I, p. 235.

65 Ibid.

66 Ibid.

67 Friedrich Schlegel, Lother und Maller eine Rittergeschichte. Aus einer ungedruckten Handschrift bearbeitet und herausgegeben von Friedrich Schlegel, Francfort, Wilmans, 1805.

68 Germaine de Staël, « Préface de l’éditeur », Lothaire et Maller, roman de chevalerie, traduit de l’allemand [par Albert de Staël], Genève, Paschoud, 1807, p. I-V.

69 Ibid., p. I.

70 Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël, p. 222.

71 Ibid., p. 29.

72 Ibid., p. 313 et p. 319.

73 Ibid., p. 364.

74 Ibid., p. 431.

75 Bonstettiana. Briefkorrespondenzen Karl Viktor von Bonstettens und seines Kreises, éd. Dorits et Peter Walser-Wilhelm, Göttingen, Wallstein, 2007, XI/1, p. 295 et p. 390.

76 Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël, p. 271.

77 Auguste à Germaine de Staël, 27 août 1812, Auguste de Staël, Correspondance. Lettres à sa mère (1805-1816), éd. Othenin d’Haussonville et Lucia Omacini, Paris, Champion, 2013, I, p. 425.

78 Schlegel à Germaine de Staël, 9 juin 1809, in Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël, p. 243.

79 Schlegel à Germaine de Staël, 15 août 1811, in ibid., p. 311.

80 Auguste à Germaine de Staël, 24 décembre 1809, Auguste de Staël, Correspondance, I, p. 292.

81 Jean-Noël Jeanneney, Le duel : une passion française (1789-1914), Paris, Seuil, 2004 ; François Guillet, La mort en face. Histoire du duel de la Révolution à nos jours, Paris, Aubier, 2008 ; Stephan Geifes, Das Duell in Frankreich 1789-1830. Zum Wandel von Diskurs und Praxis in Revolution, Kaiserreich und Restauration, Munich, Oldenbourg, 2013.

82 Auguste de Staël à Schlegel, 11 août 1813, Krisenjahre, II, p. 267-270.

83 Mme de Staël écrit ainsi à Schlegel le 23 mai 1813 : « Je suis inquiète de la conduite d’Albert. Il écrit de Hambourg du 6 mai et il paraît qu’il se bat dans l’armée de Tettenbörn : de qui en a-t-il la permission ? Serait-il possible qu’il eût pris une telle résolution sur lui ? [...] Enfin c’est absurde et je vous demande votre appui pour le guider », Germaine de Staël, CG-VIII, p. 270 sq.

84 La date du 12 août, proposée dans le tome VIII de la Correspondance générale (p. XXVI et p. 291), paraît peu vraisemblable. Auguste a répondu à Schlegel dès le 11 août. D’autre part, lord Byron mentionne la mort d’Albert de façon précise dans une lettre du 8 août : « Me de Stael’s favourite son has had his head cleft by a vile Adjutant who knew the broadsword exercise better than piquet – for that was ye. cause of carnage » (Byron’s letters and journals, ed. Leslie A. Marchand, Londres, John Murray, 1974, III, p. 86).

85 Lettre à Friederike Brun en date du 12 août, CG-VIII, p. 358. Avec le recul, elle reconnaît même que son fils avait eu de la flamme, tandis que ses autres enfants lui paraissent « éteints » : quel dommage qu’il ait « pris le mouvement de travers » (lettre à Schlegel du 5 octobre, ibid., p. 382).

86 Lettre citée dans CG-VIII, p. 359 note.

87 Ibid., p. 362.

88 Lettre à sa cousine Albertine de Saussure du 25 février 1814, ibid., p. 475.

Stefan Knödler

Université de Tübingen.

Articles du même auteur

Michel Kerautret

Historien des relations internationales à l’époque napoléonienne.