Entre élève et mentor : lumière sur la relation entre Auguste de Staël et August Wilhelm Schlegel

Clara Isabel Stieglitz

p. 123-137

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Clara Isabel Stieglitz, « Entre élève et mentor : lumière sur la relation entre Auguste de Staël et August Wilhelm Schlegel », Cahiers Staëliens, 66 | 2016, 123-137.

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Clara Isabel Stieglitz, « Entre élève et mentor : lumière sur la relation entre Auguste de Staël et August Wilhelm Schlegel », Cahiers Staëliens [En ligne], 66 | 2016, mis en ligne le 15 avril 2019, consulté le 21 novembre 2024. URL : https://cahiersstaeliens.edinum.org/125

Cet article tente de mettre en lumière la relation, encore peu étudiée, entre August Wilhelm Schlegel et Auguste de Staël. Ces deux Augustes, qui ont joué un rôle significatif dans la vie de Germaine de Staël, ont noué des liens étroits et pris une importance capitale dans la vie l’un de l’autre. L’enjeu consistera donc à analyser la relation complexe qui unit August Wilhelm Schlegel, ami dévoué de G. de Staël, premier de ses admirateurs et conseiller littéraire, qui a pris en charge l’éducation de ses enfants, et l’aîné des fils de G. de Staël, Auguste. Pour une analyse plus précise, on s’appuiera sur une lettre tirée de leur correspondance. Jusqu’ici, ils n’ont été étudiés que dans leur relation particulière à Staël et non dans leur relation directe. La lettre d’Auguste de Staël à August Wilhelm Schlegel choisie pour cet article permet de lever le voile sur cette relation riche et complexe. Dans les lignes qui suivent, il convient tout d’abord d’expliquer comment August Wilhelm Schlegel, l’un des plus importants représentants du romantisme allemand, est entré dans la vie d’Auguste, un garçon alors âgé de treize ans, pour trouver à ses côtés une place qu’il allait garder durant treize années. Enfin, l’analyse du contenu et du style de la première transcription d’une lettre jusqu’ici non publiée, datant du 24 juin 1818 et écrite par Auguste de Staël à son ancien précepteur, nous donnera un premier aperçu de cette relation maître-élève, novice-mentor, enfant déboussolé et guide, jeune pousse prometteuse et père inattendu. Comme Josef Körner l’a déjà très justement dit :

Cette correspondance est riche d’enseignements pour l’histoire de la littérature et de la politique françaises ; elle donne également des contours plus nets à la figure jusqu’ici encore floue d’Auguste de Staël1.

Avant d’étudier plus en détail cette relation, revenons sur la manière dont A. W. Schlegel a trouvé sa place dans la famille Staël – même si cet épisode a été maintes fois raconté. La rencontre entre A. W. Schlegel et G. de Staël est retracée en détail par la comtesse Jean de Pange dans son ouvrage Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’après des documents inédits : le précepteur des enfants Staël, Gerlach, est gravement malade, et G. de Staël sait qu’elle ne peut plus assurer seule l’éducation de ses enfants. La comtesse Jean de Pange écrit à ce propos :

Elle avait essayé de faire l’éducation de son aîné, Auguste. « J’ai le plus grand désir de l’élever », écrit-elle à Pictet Diodati. Quand il eut six ans, il fallut bien songer à lui apprendre quelque chose : « Mme de Staël donnait à Auguste toutes ses leçons et les lui donnait presque toujours au milieu d’autres occupations forcées. C’était en écrivant des lettres, en donnant des ordres, qu’elle dirigeait les études d’Auguste et lui expliquait ses leçons. L’enfant, sans cesse interrompu, n’était jamais distrait, il reprenait le fil des explications de sa mère quand elle reprenait la parole ». Mais ce système ne pouvait toujours durer. Bientôt il y eut aussi Albert, plus nerveux, plus remuant, de sorte que Mme de Staël se décida, non sans hésitations, à chercher un précepteur digne, non seulement des élèves, mais du milieu exceptionnel où il aurait à exercer ses talents2.

G. de Staël a une idée précise de l’homme qu’elle cherche pour éduquer ses enfants – une idée marquée par son prédécesseur Gerlach3. L’éducation et l’instruction de ses enfants sont sa plus grande priorité :

Dans toutes les lettres si intimes de Mme de Staël à son père, le souci de la santé et de l’éducation des enfants est un thème inépuisable. Ce sont pour elle des préoccupations dominantes qui viennent bien avant celles qu’on lui suppose. Ne pouvant se résoudre à les mal élever, ni à changer son existence vouée aux déplacements perpétuels et au malheur, elle a pris le parti de leur expliquer très franchement, dès qu’ils ont pu les comprendre, les circonstances particulières de ce foyer dévasté4.

La personne à qui elle confiera cette fonction généreusement rémunérée5 doit donc être quelqu’un qu’elle tient déjà en haute estime. Si le précepteur des enfants Staël doit être très instruit et maîtriser parfaitement sa matière, G. de Staël exige également une faculté d’adaptation à son style de vie particulier. Dans une lettre à Heinrich Meister, elle ajoute encore les critères suivants :

Vous savez ce que je désire. De plus, je tiens à la musique ; mais l’homme qui se dévouerait à l’éducation de mes enfants, s’il était jeune et libre, pourrait y voir une longue perspective. Je le mènerais à Paris ; et s’il me convenait, je le garderais chez moi aussi longtemps qu’il le voudrait ; car étant veuve maintenant, je ne serais pas fâchée d’avoir chez moi un homme qui se mêlât de mes affaires et de mes études littéraires6.

Lorsqu’en 1804, elle fait la connaissance d’A.- W. Schlegel au cours d’un de ses voyages en Allemagne, elle espère immédiatement avoir achevé sa quête du précepteur idéal. Elle adresse à son père de longs paragraphes sur cette nouvelle connaissance, ses qualités et son dessein de l’engager7. Staël s’attache vite à Schlegel et trouve en lui un homme souple, doté de multiples talents et qui pourrait l’aider à élever ses enfants tout en se révélant utile à ses propres travaux. Le recrutement de Schlegel est une grand avantage pour elle, lui qui allait au cours des années devenir son « compagnon de maisonnée, compagnon de voyage, ami et conseiller littéraire8 ». Schlegel prend alors ses fonctions au château de Coppet :

[Il vit] dans la « chambre bleue », entre la bibliothèque et la chambre des garçons, utilise la bibliothèque comme cabinet d’études, éduque les enfants d’après un programme défini avec Germaine et profite de la Nature9.

Avec Auguste, l’aîné de Staël, Schlegel rencontre un élève de presque quatorze ans, bien élevé et avide d’apprendre. Son grand-père, Jacques Necker, apprécie le caractère de son petit-fils et sa mère fait tout ce qui est en son pouvoir pour lui garantir la meilleure des éducations. Elle voit en lui un reflet de ce père qu’elle aime tant :

L’on se demande bien de qui ce fils honnête, l’enfant de Narbonne, avait pu hériter ce caractère consciencieux. Une idée, qui plaisait certainement à Madame de Staël, est qu’il se situait dans la suite directe de son grand-père. Germaine, qui avait une relation de camaraderie avec ses enfants, l’appelait dans ses lettres « cher ami », comme elle appelait son père10.

Auguste doit apprendre tôt l’indépendance et l’autonomie sans avoir de figure paternelle pour l’orienter et dans une relation à sa mère marquée par un sentiment d’insuffisance. Dès l’été 1805, il quitte son pays pour poursuivre ses études à Paris11. Sa mère place en lui de grands espoirs. Elle demande ainsi audience à l’Empereur pour son fils de dix-sept ans, afin d’obtenir la levée de l’exil qui lui est imposé12 :

Germaine entreprit fin 1807, avec l’aide d’Auguste, son fils d’alors 17 ans, qui avait demandé audience auprès de l’empereur à Chambéry, une dernière tentative – pour l’instant – de mettre fin à son exil et d’obtenir le remboursement de ses deux millions de la part de l’État français. Auguste était appliqué et consciencieux, contrairement à Albert, qui cherchait les plaisirs avant tout et qui allait donner bien des maux de tête à son maître Schlegel. Auguste parvint à peu près correctement à vivre depuis sa quinzième année seul dans un internat à Paris et loin de sa famille exilée13.

Albert, le second fils, se révèle l’enfant problématique de la famille tandis que son grand frère Auguste est celui en qui l’on place tous les espoirs. La comtesse J. de Pange décrit les traits des deux fils et souligne leurs différences :

[Albert], brave mais écervelé, qui semble ne pouvoir ne soumettre à aucune discipline, qui fait la guerre avec passion et inconséquence. [...] Auguste, infiniment plus raisonnable, désirait aussi servir ; mais, comprenant que son devoir est de rester auprès de sa mère, il prépare à Stockholm un examen qui lui permettra d’entrer dans la diplomatie, où son nom lui facilitera bien les choses14.

Le jeune élève de Schlegel doit s’assumer seul très jeune, mais il reviendra toujours vers son précepteur avec des interrogations ou de nouvelles connaissances. De temps à autre, celui-ci sera à ses côtés comme mentor dans les années qui suivront. Ainsi Auguste, qui doit réussir un examen de latin en 1813 à Stockholm pour être admis dans la fonction publique15, remercie son ancien professeur de latin de ses cours :

Hier on m’a fait écrire du latin : je m’en serois mieux tiré il y a huit ou neuf ans ; mais enfin, cela a été tant bien que mal, en vous invoquant comme mon Apollon !... Comptez sur mon amitié, ma reconnoissance, je vous en devrois bien davantage si j’avois mieux profité de vos bontés. Adieu. Bien tendrement16.

À cette époque, Auguste semble insatisfait et abattu. Le remarquant, Staël a l’impression que son ancien mentor pourrait lui insuffler du courage et le remettre dans le droit chemin :

Au début de mai Auguste arrivait enfin de France, porteur de nouvelles, mais aussi plein de mélancolie. Sa mère le trouve tout « désorganisé » et n’ose espérer qu’il se remettra sans Schlegel17.

Même si Auguste idolâtre sa mère et fait tout pour la satisfaire, c’est à Schlegel que l’on fait appel dans cette situation difficile. August Wilhelm apporte à son ancien élève l’estime que sa mère ne lui offre pas. Au début de l’année 1813, Schlegel lui répond de Stockholm, à sa lettre entièrement rédigée en suédois :

Vous m’avez fort agréablement surpris, mon cher Auguste, en m’écrivant une lettre en suédois, dont au jugement des connoisseurs le style est parfait. J’ai failli pleurer d’aise quand j’ai vu ce mot de påminnelse et autres élégances scandinaves. Je reconnois bien là votre noble origine, le véritable sang d’Odin18.

Dans cette même lettre, Schlegel évoque déjà la disposition d’esprit de plus en plus mauvaise d’Auguste et prend le rôle d’un ami sage et expérimenté :

Vous exprimez un grand dégoût de la vie, un découragement universel. C’est de bien bonne heure, et permettez moi de vous le dire : vous n’en avez pas encore le droit19.

Il incite Auguste à penser à la promesse qu’il a faite à sa mère et en appelle à sa conscience du devoir. À cette époque, les préoccupations d’Auguste sont surtout d’ordre amoureux ; il doit laisser derrière lui Juliette Récamier pour mener à bien ses missions politiques en Suède. Sabine Appel analyse cet épisode de la vie du jeune Auguste de Staël :

Auguste se sépara enfin de Juliette Récamier et vint, sur la demande de sa mère, en mai [1813] à Stockholm afin de l’accompagner en Angleterre. En Suède, elle lui avait préparé un avenir. Bernadotte avait nommé Auguste de Staël au poste d’aide de camp. Une carrière éclatante l’attendait en Suède et en Europe – tout du moins à l’avenir. En janvier, Schlegel lui avait écrit une lettre très amicale afin de le consoler – la même lettre dans laquelle il parlait de ses propres déceptions et de sa fierté patriote afin de donner encore une fois un tournant qui ait du sens à son existence. Cette lettre n’était ni d’une maturité trop précoce pour lui, ni naïve, ni professorale20.

Auguste finit par se résigner à son destin et laisse une impression positive à la cour royale de Suède. A.-W. Schlegel le raconte avec une fierté toute paternelle dans une lettre à G. de Staël, qui se trouve alors en Angleterre :

Ensuite j’ai dirigé la conversation sur Auguste. Le Pr[ince] m’a fait un magnifique éloge de lui, il en a été, ce qu’on peut vraiment dire, enchanté. Il a trouvé à Aug[uste] beaucoup d’esprit, il a apperçu [sic] qu’il brûlait d’envie de montrer cet esprit, « mais, m’a-t-il dit, il sait se modérer en tout, écoute avec calme, répond à propos, enfin observe parfaitement les convenances. Toute sa manière est simple, modeste et noble et l’on reconnoît tout de suite un homme d’un mérite distingué. » Voilà à peu près ses propres expressions, et rien moins qu’exagérées. J’ai fait valoir, comme vous pensez, ma part dans l’éducation d’Aug[uste] après la vôtre21.

La dernière phrase semble au premier abord quelque peu prétentieuse, mais elle donne un aperçu de la position réelle de Schlegel au sein de la famille Staël. Il se considère comme l’éducateur d’Auguste – un père de substitution – et non pas seulement comme son professeur. G. de Staël renforce ce sentiment en faisant de Schlegel, d’après S. Appel, « Le père imaginaire de leurs enfants "communs"22 ».

Si l’on observe les débuts de la correspondance entre mère et fils aux alentours de l’année 1805, le nom de Schlegel revient dans presque chacune des lettres. Les premières abordent principalement des questions d’enseignement. Auguste raconte ses cours de latin à l’internat et les compare à ceux de Schlegel, qui l’ont plus fait progresser que ses camarades de classe23. À ses débuts, le rôle de Schlegel dans la famille de Staël se limite aux leçons des enfants, mais il devient rapidement un ami de la famille24. Avec les années, les sujets abordés dans la correspondance entre A. de Staël et A.- W. Schlegel évoluent. Ils évoquent la politique et la littérature, les affaires quotidiennes et la situation familiale. Schlegel reste aux côtés de la famille Staël et l’accompagne dans ses moments difficiles, comme lors de la mort de Jacques Necker, qui bouleverse profondément G. de Staël. Pour ses enfants, Schlegel est un soutien tout particulier à la mort de leur mère, en juillet 1817. Dans de nombreuses lettres, Auguste et sa jeune sœur Albertine lui rappellent qu’il aura toujours sa place à Coppet. C’est notamment le cas dans la lettre que nous allons étudier plus précisément.

Coppet 24 Juin. 1818.

Plusieurs occupations de gentilhomme campagnard mʼont empêché de Vous écrire plus tôt, mon cher Schlegel ; et je suis bien empressé de rattraper le tems perdu - Me voici maintenant bien installé dans la vie de Coppet et décidé à employer de mon mieux le tems que jʼy passerai - J’ai à benir ma mere tous les jours de ce quʼen mʼimposant le travail qui mʼoccupe elle me force à reprendre une vie dʼétude. Soit paresse soit [surtout]25 sentiment de mon extrême insuffisance je ne me serois jamais mis à lʼœuvre ; car il me manque pour ecrire, comme Vous me le disiez si bien, du savoir et des idées, à cela près tout iroit bien : mais il nʼy a pas à transiger avec un devoir sacré pour moi ; et si je ne réussis pas jʼaurai du moins profité par mes efforts - Je Vous jure quʼen examinant de plus près la vie privée de mon grand pere, ses correspondances diverses, jʼai le coeur serré de voir combien on est loin encore de lui rendre justice, même après lʼouvrage de ma mere - Et pourtant comment se flatter de rien ajouter à lʼimpression quʼelle a produite - Le journal du Commerce nʼa pas pu y tenir, il a dévoilé son bonapartisme en insérant une misérable et platte diatribe de M. de Segur26 contre lʼouvrage. Il parait que le mot sur le code de lʼétiquette imperiale lʼa blessé au vif - A vrai dire je suis charmé que la glace soit rompue ; cʼest fort bien de tendre la main aux gens de toutes les couleurs quand il sʼagit de les défendre contre des réactions : mais il faut aussi que le jour de la justice arrive et que le bonapartisme soit fletri comme il le mérite - cʼest encore là lʼennemi le plus redoutable que la liberté ait à combattre : jʼentends le système - Jʼai lu avec beaucoup d’attention Votre derniere lettre à Mlle Randall : Vous nʼavez certes pas besoin de nous rappeller que Vous faites partie de notre famille ; Votre place est et sera toujours prête et quand il Vous plaira de revenir on tuera le veau gros - Du reste Vous nʼêtes pas assez fier de Votre talent epistolaire : si je voulois être impertinent je Vous dirois que Vos lettres ont tous les avantages qui manquent à Votre conversation outre ceux qui nʼappartiennent quʼà Vous - Si Vos affaires Vous laissent quelque liberté je Vous demande dʼaller faire une autre course à Wisbaden ; Vous y trouverez Mad. de Ste A.27 qui desire beaucoup Vous voir ; et Vous me rendriez fort heureux en me donnant des nouvelles détaillées de sa santé dont elle a beaucoup trop peu de soin - Albertine est bien rétablie de ses couches ; ses deux enfants sont à merveille. Je crois que ma pupille aura moins de vivacité que Pauline. Messrs Delessert28 mʼont donné avis dʼune traite de Vous qui se monte à 2,020f avec les frais, je lʼai fait acquiter à lʼinstant - Adieu mille bien tendres amitiés29.

Cette lettre est la réponse d’A. de Staël à une lettre d’A.- W. Schlegel datée du 22 mai 1818, envoyée de Francfort à Paris30. Dans cette lettre, Schlegel parle d’un « catalogue » qu’il a publié et demande à Auguste de le chercher et de l’apporter à Coppet. De plus, il lui dit regretter le temps de leur collaboration et espérer qu’ils pourront bientôt retravailler à une œuvre commune. Il parle ensuite des sources de Wiesbaden, qui sont selon lui meilleures qu’en France, précisant que Mme de Saint-Aulaire devrait y retourner. Schlegel a envoyé sa lettre à Paris, tout en sachant qu’Auguste serait peut-être déjà en route vers Coppet.

La réponse d’Auguste ne dit rien du moment ni du lieu où il a reçu la lettre. Dans sa réponse, qu’il ne rédige qu’un mois plus tard, il oriente la discussion sur d’autres sujets : il s’est retiré de la politique et administre le domaine. Il s’intéresse de plus en plus aux nouvelles techniques agricoles, ce qui lui laisse peu de temps pour poursuivre une correspondance assidue. Dans le même temps, il se consacre à la tâche difficile et intellectuellement stimulante de rassembler l’œuvre de son grand-père Jacques Necker et celle de sa mère, pour les publier ensemble. Il implique tout particulièrement Schlegel dans ce projet et se repose sur son expérience. Il lui est difficile de renouer avec ses habitudes d’écriture et il souligne ses lacunes : « car il me manque pour ecrire […] du savoir et des idées ». La seule solution est pour lui le retour à une « vie d’étude ». Mais il ne voit pas dans ce projet au long cours de « devoir sacré » et souhaite, s’il n’y parvient pas, au moins en retirer des enseignements personnels. Il n’aborde la politique que sous la forme de remarques critiques sur la société et dénonce le bonapartisme dominant, à l’origine d’une sévère recension de l’œuvre staëlienne dans le Journal du Commerce qui publie la diatribe de Ségur. Voir à quel point son grand-père est méconnu aux yeux de la société – à quel point on ne l’a pas reconnu à sa juste valeur – le terrasse. C’est peut-être l’une des raisons qui l’ont poussé à publier les œuvres de Necker et de sa mère31. Il poursuit le regard critique de sa mère sur la société et constate que le pire ennemi de la liberté reste la domination que Napoléon a imposée à la France.

Dans la dernière moitié de la lettre, l’évolution de la relation entre Schlegel et Auguste est nette. Auguste lui rappelle d’abord, avec son ton très particulier, qu’il fait toujours partie de la famille même si G. de Staël n’est plus :

Vous n’avez certes pas besoin de nous rappeller que Vous faites partie de notre famille ; Votre place est et sera toujours prête et quand il Vous plaira de revenir on tuera le veau gros.

Le paragraphe qui illustre le mieux la maturation de leur relation est celui dans lequel Auguste, avec son ton sincère et direct, se montre critique, mais toujours poli, envers son ancien professeur. Après des années d’amitié avec Schlegel, il peut se permettre une remarque impertinente sur son art de la conversation tout en exprimant son respect pour ses talents épistolaires :

Du reste Vous nʼêtes pas assez fier de votre talent epistolaire : si je voulois être impertinent je Vous dirois que Vos lettres ont tous les avantages qui manquent à Votre conversation outre ceux qui nʼappartiennent quʼà Vous.

Voici comment la comtesse J. de Pange décrit leur relation :

Puis Schlegel avait été le confident de son élève devenu un homme ; il l’avait aidé, en maintes circonstances, à dominer son tempérament et sa sensibilité. Plus tard encore, c’est l’élève qui devient le conseiller du maître. Guillaume Schlegel s’en remettait à Auguste pour la gérance d’une partie de sa petite fortune […]32.

Dans cette correspondance et dans plusieurs autres de la même époque, Auguste informe A.-W. Schlegel de ses finances, en sa qualité de conseiller et d’administrateur. Auguste lui parle également de sa sœur Albertine et de sa santé après la naissance de son dernier enfant. Il lui confie également la vivacité de sa nièce Pauline. Il règne dans ces échanges un ton poli, honnête, direct et souvent cordial. Schlegel appelle le plus souvent Auguste « mon cher Auguste », sans toutefois le tutoyer. Auguste n’appelle jamais Schlegel par son prénom, mais toujours « mon cher Schlegel ». Transparaît dans ces noms la hiérarchie à l’origine de leur relation : l’élève et le professeur. Et même si Schlegel est devenu un ami proche de la famille et qu’il a terminé sa mission pédagogique, il garde l’autorité d’un précepteur. À cela s’ajoute le fait que vingt-trois ans séparent les deux hommes et que, malgré les années d’amitié, une répartition très nette des rôles se remarque encore. Les formules de conclusion des lettres sont, elles, très similaires. La correspondance se termine souvent, des deux côtés, par « mille amitiés » ou « mille tendres amitiés ». En fonction du sujet de l’échange, la formule d’adieu est soit enjolivée, soit brève, comme dans ce cas : Auguste, avant de terminer sa lettre, tient à tenir Schlegel au courant de ses finances et termine son message par un rapide « Adieu mille tendres amitiés ».

Pour mieux comprendre le rôle de Schlegel dans la vie de son ancien élève, il faut observer les différentes figures paternelles qui ont jalonné sa vie. Même s’il porte le patronyme d’Erik-Magnus de Staël-Holstein, il est en réalité le fils de Louis Marie Jacques Amalric de Narbonne-Lara, qui fut la « grande passion » de G. de Staël, mais jamais vraiment le père de son fils33. Il n’a que peu de contacts avec Staël-Holstein et attribue son poste en Suède à une carrière fulgurante. Narbonne meurt en 1802, alors qu’Auguste n’a que 12 ans. Dans la correspondance entre Staël et son fils, la relation d’Auguste à ses deux « pères » est bien décrite :

Il faut maintenant revenir sur le problème des parents d’Auguste de Staël. Il est aujourd’hui indiscutablement établi qu’Érik-Magnus de Staël-Holstein n’est pas son père, même s’il assume sa paternité « légale ». Auguste est le fruit de la liaison de Mme de Staël avec Narbonne de 1789 à 1793. Les relations d’Auguste avec ces deux « pères » sont quasi inexistantes. Qui va donc les remplacer34 ?

Le précepteur Gerlach assumera en grande partie ce rôle jusqu’à sa mort, en 1802, tout comme Schlegel après lui. Mais pendant l’enfance d’Auguste, c’est surtout son grand-père, Jacques Necker, qui incarne le chef de famille. La réponse à la question « Qui va donc les remplacer ? » est donc la suivante :

En premier lieu Jacques Necker, son grand-père, pour lequel il a, comme sa mère, une profonde affection et un immense respect ; il l’appelle d’ailleurs pendant sa jeunesse tantôt « papa », tantôt « mon père35 ».

Mais Necker lui aussi meurt alors qu’Auguste est encore jeune, en 1804. A.-W. Schlegel entre alors dans sa vie et deviendra, dans son entourage, la figure paternelle la plus constante. Les différents hommes de G. de Staël, Benjamin Constant ou son second mari Rocca, ne rempliront pas le vide de cette position, occupée par Schlegel pendant plus d’une décennie dans la famille Staël36. Cette longévité s’explique peut-être par le fait que Schlegel n’a jamais eu de relation charnelle avec G. de Staël. Il l’admire, mais son amour est sans retour. Il peut donc se consacrer entièrement à l’instruction et à l’éducation des enfants, en tant que professeur, père de substitution et ami. Même lorsqu’il a terminé sa mission de précepteur, il reste à leurs côtés37 et ce jusqu’à la fin. Tragiquement, A.-W. Schlegel survivra à toute la famille Staël, qui était devenue pour lui une famille d’adoption38.

1 « Aus dieser Korrespondenz fällt für die Geschichte der französischen Literatur und Politik reicher Gewinn ab ; zugleich bekommt die bisher ziemlich

2 Comtesse Jean de Pange, Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’après des documents inédits, Paris, Albert 1938, p. 26 ; la longue citation

3 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 27-33.

4 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 25 et sq.

5 Voir Sabine Appel, Madame de Staël : Biografie einer großen Europäerin, Düsseldorf, Artemis & Winkler, 2006, p. 194.

6 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 29.

7 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 58 ; voir également p. 7.

8 « Hausgenosse, Reisegefährte, Freund und literarischer Berater », Körner, p. XIV.

9 « [Er lebt] im’ Blauen Zimmer’zwischen der Bibliothek und dem Zimmer der Knaben, nutze die Bibliothek als Studienkabinett, unterrichtete die Kinder

10 « Ein wenig verwunderlich ist es, von wem dieser redliche Sohn, der Sprössling Narbonnes, seinen gewissenhaften Charakter geerbt hatte. Ein Gedanke

11 Auguste de Staël, Correspondance : lettres à sa mère (1805-1816), éd. Othenin d’Haussonville et Lucia Omacini, Paris, Champion, 2013, t. I, p.

12 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 102.

13 « Den vorerst letzten Versuch, ein Ende ihres Exils sowie die Rückzahlung ihrer zwei Millionen Livres vom französischen Staat zu erwirken

14 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 411 et sq.

15 Voir Correspondance, p. XXVIII.

16 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 412.

17 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 407.

18 Josef Körner, Krisenjahre der Frühromantik : Briefe aus dem Schlegelkreis. Band 2, Brünn, Rohrer, 1937, p. 258-259.

19 Körner, Band2, p. 260.

20 « Auguste riss sich endlich von Juliette Récamier los und kam auf Wunsch seiner Mutter im Mai [1813] nach Stockholm, um sie nach England zu

21 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 331-332 et p. 409.

22 « imaginär sogar zum Vater ihrer "gemeinsamen" Kinder », (notre traduction), Appel, Madame de Staël, p. 330.

23 Voir A. de Staël : Correspondance, p. 41: « Les leçons de latin qu’il [M. Thurot] nous donne sont vraiment fort intéressantes et je dois être

24 Voir A. W. Schlegel à Auguste de Staël, 28 décembre 1810, A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 279 : « Vous venez de me prouver d’une manière bien

25 Difficilement lisible, équivoque. Pourrait être surtout.

26 Il parle très probablement du Comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830).

27 Il s’agit ici de Madame de Sainte-Aulaire, dont il est déjà question dans la lettre du 22 mai 1818 d’August Wilhelm. Elle est également mentionnée

28 Famille de banquiers parisiens.

29 Lettre inédite, mise à disposition par le projet de la Deutsche Forschungsgemeinchaft Digitale Edition der Korrespondenz August Wilhelm Schlegels.

30 Körner, Band 2, p. 305-306.

31 Correspondance, p. XXXI.

32 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 536.

33 Voir Appel, p. 72.

34 Correspondance, p. XI-XII.

35 Correspondance, p. XII.

36 Voir Appel, Madame de Staël, p. 322 : « Tandis que Rocca était pour Auguste, Albert et Albertine presque un homme de leur âge, Schlegel était entre

37 Voir Appel, p. 301.

38 Albert de Staël meurt en 1813, Madame de Staël en 1817, Auguste de Staël en 1827 et Albertine de Broglie en 1838. August Wilhelm Schlegel décède à

1 « Aus dieser Korrespondenz fällt für die Geschichte der französischen Literatur und Politik reicher Gewinn ab ; zugleich bekommt die bisher ziemlich verwischte Gestalt August von Staëls schärfere Umrisse », (notre traduction), Josef Körner, Krisenjahre der Frühromantik : Briefe aus dem Schlegelkreis, Band 1, Brünn, Rohrer, 1936, p. XVIII.

2 Comtesse Jean de Pange, Auguste-Guillaume Schlegel et Madame de Staël d’après des documents inédits, Paris, Albert 1938, p. 26 ; la longue citation vient d’Albertine, « Notice sur M. le Baron Auguste de Staël », Œuvres diverses de M. le Baron Auguste de Staël, Paris, Treuttel et Würtz, 1829, p. I et sq.

3 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 27-33.

4 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 25 et sq.

5 Voir Sabine Appel, Madame de Staël : Biografie einer großen Europäerin, Düsseldorf, Artemis & Winkler, 2006, p. 194.

6 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 29.

7 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 58 ; voir également p. 7.

8 « Hausgenosse, Reisegefährte, Freund und literarischer Berater », Körner, p. XIV.

9 « [Er lebt] im’ Blauen Zimmer’ zwischen der Bibliothek und dem Zimmer der Knaben, nutze die Bibliothek als Studienkabinett, unterrichtete die Kinder nach einem mit Germaine abgesprochenen Lehrplan und genoss die Natur », (notre traduction), Appel, p. 208.

10 « Ein wenig verwunderlich ist es, von wem dieser redliche Sohn, der Sprössling Narbonnes, seinen gewissenhaften Charakter geerbt hatte. Ein Gedanke, der Madame de Stael sicher gefiel, war, dass er in der direkten Nachfolge seines Großvaters stand. Germaine, die ein kameradschaftliches Verhältnis zu allen ihren Kindern hatte, nannte ihn in Briefen lieben Freund, wie auch ihre Vater von ihr genannt worden war », (notre traduction), Appel, p. 300.

11 Auguste de Staël, Correspondance : lettres à sa mère (1805-1816), éd. Othenin d’Haussonville et Lucia Omacini, Paris, Champion, 2013, t. I, p. XXIII.

12 Voir A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 102.

13 « Den vorerst letzten Versuch, ein Ende ihres Exils sowie die Rückzahlung ihrer zwei Millionen Livres vom französischen Staat zu erwirken, unternahm Germaine Ende 1807 mit Hilfe Augustes, ihres nun 17-jährigen ältesten Sohnes, der in Chambéry in Savoyen um eine Audienz beim Kaiser ersuchte. Auguste war fleißig und gewissenhaft, im Gegensatz zu Albert, der mehr dem Vergnügen nachging und seinem Hofmeister Schlegel einiges Kopfzerbrechen bereitete. Auguste kam auch im Großen und Ganzen damit zurecht, seit seinem 15. Lebensjahr allein in einem Internat in Paris, fern von seiner exilierten Familie zu sein », (notre traduction), Appel, p. 300.

14 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 411 et sq.

15 Voir Correspondance, p. XXVIII.

16 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 412.

17 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 407.

18 Josef Körner, Krisenjahre der Frühromantik : Briefe aus dem Schlegelkreis. Band 2, Brünn, Rohrer, 1937, p. 258-259.

19 Körner, Band 2, p. 260.

20 « Auguste riss sich endlich von Juliette Récamier los und kam auf Wunsch seiner Mutter im Mai [1813] nach Stockholm, um sie nach England zu begleiten. Auch für seine Zukunft hatte sie in Schweden gesorgt. Bernadotte hatte Auguste de Stael zu seinem Flügeladjutanten ernannt. Eine glänzende Karriere würde ihm in Schweden und in Europa bevorstehen, vorläufig wenigstens. Schlegel hatte noch im Januar einen recht liebevollen Brief geschrieben, um ihn zu trösten es war derselbe, in dem er auch von seinen eigenen Enttäuschungen sprach sowie von seinem patriotischen Ehrgeiz, um sein Dasein noch einmal eine sinnvolle Wendung zu geben. Er war gar nicht altklug, der Brief, gar nicht weltfremd und auch gar nicht professoral », (notre traduction), Appel, p. 322, p. 409.

21 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 331-332 et p. 409.

22 « imaginär sogar zum Vater ihrer "gemeinsamen" Kinder », (notre traduction), Appel, Madame de Staël, p. 330.

23 Voir A. de Staël : Correspondance, p. 41: « Les leçons de latin qu’il [M. Thurot] nous donne sont vraiment fort intéressantes et je dois être difficile après avoir eu celles de M. Schlegel. M. Thurot me donne toujours à traduire les morceaux les plus difficiles mais les plus beaux, et il paraît qu’il me regarde comme supérieur à mes camarades […]. »

24 Voir A. W. Schlegel à Auguste de Staël, 28 décembre 1810, A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 279 : « Vous venez de me prouver d’une manière bien aimable par votre lettre, mon cher Auguste, que j’avois tort de supposer que vous ne vous seriez pas aperçu de mon absence. Ce que dit Mme votre mère ne doit pas vous irriter contre moi. Croyez-moi, vous avez de bien grands moyens de remplir auprès d’elle le vide qui pourroit résulter de mon éloignement. »

25 Difficilement lisible, équivoque. Pourrait être surtout.

26 Il parle très probablement du Comte Louis-Philippe de Ségur (1753-1830).

27 Il s’agit ici de Madame de Sainte-Aulaire, dont il est déjà question dans la lettre du 22 mai 1818 d’August Wilhelm. Elle est également mentionnée dans la réponse datée du 2 juillet 1818.

28 Famille de banquiers parisiens.

29 Lettre inédite, mise à disposition par le projet de la Deutsche Forschungsgemeinchaft Digitale Edition der Korrespondenz August Wilhelm Schlegels. L’écriture d’Auguste de Staël est le plus souvent bien lisible, à quelques exceptions près. Il est de temps en temps difficile de reconnaître certaines lettres et de les distinguer des autres ; le a et le o, ainsi que le r et le n sont particulièrement proches. Même lorsqu’elles sont bien lisibles, les lettres d’Auguste ne sont pas bien écrites : il place ses accents de manière irrégulière et imprécise – lorsqu’il le fait. Dans cette transcription, les accents existants respectent les règles actuelles de l’orthographe française. Des mots tels que mere – auxquels Staël ne met pas d’accent – n’ont pas été modifiés. Il n’utilise que rarement la virgule ou le point, mais fait grand usage des points virgules et des tirets. Il vouvoie Schlegel, et ajoute souvent une majuscule au pronom – cependant ce n’est pas toujours très lisible. Pour une meilleure lisibilité, les capitales du vouvoiement ont été harmonisées. Les conjugaisons en -oit dans le mot iroit ont été conservées ; les orthographes de mots tels que tems n’ont pas été modifiées, car elles témoignent encore de l’influence du siècle passé. Le mot cœur est lui aussi resté inchangé.

30 Körner, Band 2, p. 305-306.

31 Correspondance, p. XXXI.

32 A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 536.

33 Voir Appel, p. 72.

34 Correspondance, p. XI-XII.

35 Correspondance, p. XII.

36 Voir Appel, Madame de Staël, p. 322 : « Tandis que Rocca était pour Auguste, Albert et Albertine presque un homme de leur âge, Schlegel était entre temps devenu un père de substitution solide », (« Während Rocca für Auguste, Albert und Albertine fast ein Gleichaltriger war, ein Gefährte, war Schlegel eben inzwischen doch zum soliden Ersatzvater mutiert. », notre traduction).

37 Voir Appel, p. 301.

38 Albert de Staël meurt en 1813, Madame de Staël en 1817, Auguste de Staël en 1827 et Albertine de Broglie en 1838. August Wilhelm Schlegel décède à l’âge vénérable de 77 ans en 1845. Il partage sa peine auprès d’Albertine après la mort d’Auguste de Staël dans une lettre : « Auguste me manquera tout ce pauvre reste de ma vie », cité d’après A.-G. Schlegel et Mme de Staël, p. 538.

Clara Isabel Stieglitz

Université de Marburg.