Évolutions et révolutions de la représentation de l’Italie dans la correspondance de Germaine de Staël (1805-1815)

Apolline Streque

p. 278-291

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Apolline Streque, « Évolutions et révolutions de la représentation de l’Italie dans la correspondance de Germaine de Staël (1805-1815) », Cahiers Staëliens, 68 | 2018, 278-291.

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Apolline Streque, « Évolutions et révolutions de la représentation de l’Italie dans la correspondance de Germaine de Staël (1805-1815) », Cahiers Staëliens [En ligne], 68 | 2018, mis en ligne le 15 avril 2019, consulté le 25 avril 2024. URL : https://cahiersstaeliens.edinum.org/208

« Cette fois, je ne suis pas si fort enthousiaste de l’Italie, je la vois plutôt dans le présent que dans le passé1 » écrit Germaine de Staël à Auguste Pidou en 1816, synthétisant l’évolution de ses impressions sur l’Italie. La correspondance établit, en effet, une comparaison entre ses voyages, effectués respectivement de décembre 1804 à juin 1805 et d’octobre 1815 à juin 1816. Dès 1805, Staël a beaucoup à reprocher à l’Italie pour laquelle elle montre pourtant un vif intérêt, nourri par sa volonté d’écrire un roman sur l’Italie, Corinne ou l’Italie. Mais en 1815, l’enthousiasme de Corinne semble devenu lettre morte et Staël, comme Oswald, effectue un second voyage déceptif. Elle ne cesse de mesurer le temps écoulé et les bouleversements advenus depuis son premier séjour : « il y a dix ans2 » revient comme un leitmotiv désabusé dans sa correspondance, opposant l’Italie de 1815 à celle peinte dans la correspondance de 1805 et Corinne. Cette évolution de sa perception s’explique par des changements personnels mais aussi par les révolutions politiques advenues en Europe. En effet, si Staël visite en 1805 une Italie dominée par les Français qui l’ont privée de ses chefs-d’œuvre, en 1815 c’est la France qui est occupée par les Alliés qui pillent le Louvre3. Néanmoins, la correspondance n’opère pas un brutal retournement de l’image de l’Italie : certaines analyses restent les mêmes mais l’enthousiasme a disparu, laissant place à une vision très noire de l’Italie sur laquelle elle reporte le désespoir suscité par la situation française de 1815. L’Italie est perçue comme le « royaume du deuil4 », qui était celui du père en 1805 et qui devient celui de la France en 1815, dessinant l’itinéraire d’un deuil personnel à un deuil national au pays des ruines.

Notre analyse portera sur un corpus délimité par le genre littéraire, la correspondance, le temps (1804-1805 et 1815-1816) et l’espace (nous ne prendrons en considération que les lettres envoyées depuis l’Italie). La correspondance permet d’envisager le regard de Staël sous un angle différent : la lettre, non destinée à la publication, développe des points de vue sur l’Italie contredisant ceux exprimés dans Corinne et nous permet d’accéder à une représentation subjective, polémique. En ce qui concerne l’Italie, il convient de préciser ce qui sera étudié sous cette appellation nationale vague. C’est tout d’abord, pour Staël comme pour d’autres voyageurs, une entité aux frontières littéraires, à la géographie palimpseste, délimitée par la subjectivité et les connaissances de chaque voyageur. Elle fait ainsi référence à l’ouvrage de Bonstetten, Voyage sur la Scène des Six derniers livres de l’Enéide, et à celui de Chateaubriand, la Lettre à M. de Fontanes sur la campagne romaine, pour évoquer Rome. Mais c’est aussi un territoire réel délimité géographiquement par les Alpes et la mer Méditerranée, et culturellement par le partage d’une même langue et d’une histoire glorieuse. C’est enfin, surtout dans la correspondance, un objet d’étude social, politique et moral dont Staël tente de définir l’identité nationale. Car, malgré son éclatement politique et culturel, Staël donne l’image d’une Italie unie, d’une nation en devenir mais cette unité semble mise à mal par l’éclatement temporel du sujet observant et du pays observé, l’Italie.

Dix années d’exil : évolutions et révolutions de la voyageuse

Mesurer la profondeur de l’« abîme du passé5 » en Italie

L’évolution de la vision de l’Italie est liée aux circonstances personnelles dans lesquelles Staël voyage. Lorsqu’elle part pour la première fois, accompagnée d’Auguste Schlegel et de ses enfants, elle est exilée depuis 1803. Elle profite ainsi de la présence de Bonaparte à Milan à l’occasion de son couronnement comme roi d’Italie pour obtenir une révision de son exil et le remboursement de la dette française. Sa correspondance informe du soin qu’elle mit à préparer sa rencontre grâce aux renseignements fournis par ses amis milanais et ses correspondants français : l’Italie devient le territoire sur lequel se joue son sort politique. Après de nombreux revirements qu’attestent les billets anxieux échangés entre le 5 et le 7 juin, l’Empereur lui accorde les deux. Mais ce succès est a posteriori un échec : Staël est à nouveau exilée et ses trois millions ne lui sont pas rendus. La correspondance de 1805 fait aussi état d’un déchirement plus intime que celui de l’exil : la douleur suscitée par le deuil de son père, « la plus grande […] que j’aie jamais éprouvée6 » écrit-elle à Monti. Cette douleur influence l’image mélancolique de l’Italie que construit sa correspondance, plus particulièrement celle de Rome, la patrie des tombeaux, lieu commun que Staël revêt d’une dimension intime. En effet, la correspondance laisse percevoir une progressive évolution de la perception de Rome et de son deuil. Elle rejette tout d’abord cette ville dont la grandeur passée et le patrimoine l’incarnant aiguisent sa douleur dans une lecture personnelle du passé collectif :

Je vous avoue que je ne me sentirais pas capable de passer ma vie à Rome : on y est tellement saisi par l’idée de la mort, elle se présente sous tant de formes, aux catacombes, à la Voie appienne, à la pyramide de Cestius, dans les souterrains de Saint-Pierre, qu’à peine si l’on se croit sûr d’être en vie7.

Cependant, cette impression s’adoucit : elle en vient à apprécier Rome qui offre une « image noble et paisible […] de la mort qui calme la vie8 ». C’est aussi sa rencontre avec Don Pedro de Souza, dont le souvenir participe à la construction rétrospective de la ville dans ses lettres, qui contribue à la réconcilier avec Rome, notamment dans les vers d’adieu qu’elle lui adresse9. Durant ce premier séjour, l’Italie guérit progressivement l’épistolière qui retrace ce parcours moral.

En 1815, Staël pose un regard différent sur ce pays où elle revient, après le retour des Bourbons, alors qu’elle n’est plus exilée. Pourtant, une constante demeure entre les deux séjours : le remboursement de la dette, leitmotiv de la correspondance de 1815, qui convoque le souvenir douloureux de Necker10. Cette obsession s’explique par la nécessité de doter Albertine mais, en raison de la conjecture politique française, elle n’est pas intégralement remboursée : « des quatre millions qui m’étaient dus, j’en reçois un par une extrême bonté du roi11 ». Elle se rend en Italie pour des raisons pragmatiques : l’influence bénéfique du climat sur la santé de son compagnon, John Rocca, atteint de tuberculose et la mise à l’écart d’Albertine dans sa « situation incertaine12 », attendant la signature de son contrat de mariage. L’Italie est alors perçue comme une destination subie plus que choisie, mais cette déception s’explique aussi par l’évolution personnelle de Staël en dix ans : le second séjour semble être l’occasion de sonder l’« abîme du passé13 ». Si Staël voyage à nouveau en compagnie de Schlegel et d’Albertine puis d’Auguste qui les rejoint à Pise, le passage du temps est marqué par la place occupée par Albertine dans sa correspondance. En 1805, Staël rapporte ses propos enfantins à Monti : « Ma petite fille disait l’autre jour assez joliment : « Maman n’a aimé que deux choses en Italie, la mer et Monti14 » ; dix ans plus tard, Albertine prend la plume pour s’adresser au même Monti. En 1815, ses préoccupations personnelles occultent l’Italie, évacuée du discours épistolaire et réduite à une toile de fond aux contours incertains. Ainsi, dans une lettre à Albertine Necker de Saussure, Staël communique des informations détaillées sur ses affaires personnelles et conclut : « Je vous parlerai une autre fois de cette Italie que je ne vois plus que sous un triste rapport15 ». On constate un amenuisement du discours épistolaire sur l’Italie, une diminution de l’enthousiasme pour ce pays qui a pourtant nourri l’œuvre staëlienne.

L’Italie, la littérature et Staël

Lorsque Staël se rend en Italie en 1805, elle effectue un itinéraire littéraire au cours duquel elle est consacrée auteure reconnue. Elle est reçue avec enthousiasme par les milieux intellectuels et mondains italiens et sa correspondance en fait état : à Florence, son roman Delphine est mis à l’honneur16 ; à Bologne, on improvise pour elle17 ; à Venise, on lui écrit des vers18 ; partout, elle est présentée à des écrivains et artistes dont certains apparaîtront dans Corinne19. C’est à Rome qu’a lieu l’apogée de cet accueil littéraire : elle y est reçue pastourelle de l’Académie d’Arcadie et fait le récit de cette consécration à Monti20. Le voyage de 1805 constitue aussi un moment essentiel dans la création littéraire de Staël, car elle part avec le projet d’écrire Corinne. La correspondance atteste de l’avancement du roman qui prend forme à mesure qu’elle visite l’Italie. En avril 1805, elle écrit de Rome à Suard : « J’écrirai une espèce de roman qui serve de cadre au voyage d’Italie21 » ; à Florence, le 14 mai, une lettre à Souza atteste qu’un titre pour le roman est défini22 ; une lettre au même du 26 mai sur Venise mentionne sa décision de faire de cette cité mélancolique le cadre des adieux de Corinne et Oswald23. Le voyage est donc une période de création littéraire intense au contact de l’Italie. Ainsi, Naples suscite en elle un enthousiasme poétique qu’elle mentionne dans une lettre à Monti, évoquant les Épîtres sur Naples, composées lors de son séjour et qui serviront de matériau à l’improvisation de Corinne au Cap Misène : « J’ai senti moi-même à Naples cette sorte d’enthousiasme qui tient à l’air, aux parfums, aux merveilles de la nature, et les vers que je vous lirai l’expriment24 ». Enfin, elle découvre la littérature italienne, guidée par le poète milanais Vincenzo Monti. Sur ses conseils, Staël se procure des ouvrages qu’elle commente dans ses lettres : Dante, Le Tasse, Alfieri et Monti lui-même25. Cet enthousiasme littéraire n’existe plus lors du second voyage, marqué par un profond ennui. Néanmoins, Staël poursuit ses rencontres avec des intellectuels italiens, tel Giuseppe Acerbi, directeur de la Biblioteca Italiana. Elle écrit pour son journal plusieurs articles et traductions mentionnés dans sa correspondance26, le plus important étant « De l’esprit des traductions », publié en janvier 1816. La source de l’inspiration italienne tarie, Staël se tourne vers d’autres destinations, notamment la Grèce où elle écrit vouloir se rendre « afin d’écrire avant ma mort un dernier ouvrage qui représentera ce que je pense avoir en moi de nouvelle imagination27 ». L’Italie ne semble donc plus rien avoir à apporter littérairement à Staël.

De l’initiation à la saturation : évolution des représentations de l’Italie

Les contours subjectifs de l’Italie

Mais l’évolution de l’image de l’Italie dans la correspondance s’explique également par une évolution du lien entre sujet observant, l’épistolière, et pays observé. Ainsi, ses deux voyages ne lui donnent pas à voir la même Italie. En 1805, les lieux d’où elle rédige ses lettres dessinent un itinéraire dans la continuité de celui du Grand Tour, balisant une Italie touristique28 : Turin, Milan, Rome, Naples, Venise, Florence, etc. En six mois de séjour, elle a pu admirer les principales merveilles de la péninsule, notamment Naples, premier lieu qu’elle évoque avec émerveillement dans ses lettres29, ou Rome où Staël ne semble avoir d’abord apprécié que Saint-Pierre qui lui a causé « une impression profonde de tristesse et d’admiration30 ». Elle a parfois effectué, au gré de son tour, deux séjours dans la même ville, comme à Milan ou Rome, ce qui lui permet de revenir sur sa première impression négative. En 1815, Staël effectue un séjour plus long (huit mois) mais aussi plus statique en raison de la convalescence de Rocca. Sa correspondance retrace un itinéraire restreint : elle séjourne à Milan avant de se rendre à Gênes, puis à Pise où elle attend Auguste et dont le climat est recommandé pour Rocca et enfin à Florence. Le seul désir touristique exprimé est celui de visiter Gênes qu’elle n’a pu voir en 1805, mais elle est déçue par la ville et le sera plus encore par Pise. Les constats désobligeants sur Pise, où elle réside pendant l’hiver 1804-1805, se multiplient. Elle s’y ennuie et sa correspondance décline ce constat avec un désespoir ironique : « cette ville est si ennuyeuse que j’ai peur de vous envoyer un peu de l’air dans ma lettre31 ». Ce tableau de Pise est marqué par l’utilisation ironique de la référence littéraire italienne, notamment Dante, comme lorsqu’elle écrit : « Pise est ennuyeuse à mourir de faim morale comme Ugolin dans une de ces tours » ou « Ah ! Milan, ah ! même Gênes, nous descendons de cercle en cercle comme le Dante32 ». En 1815, le voyage s’apparente donc à une catabase alors que le séjour de 1805 suivait un mouvement ascendant, de la réticence à l’amour le plus vif pour l’Italie.

« Caro Monti33 » : indice de l’enthousiasme italien

Ce désenchantement s’éclaire par l’évolution des liens avec certaines figures de la vie culturelle italienne, notamment Vincenzo Monti. Dès son arrivée à Milan, Staël rencontre celui dont les œuvres « soutiennent encore l’honneur de la littérature moderne en Italie34 » et entre en correspondance avec l’écrivain, lui adressant trente-cinq lettres lors de son séjour. Cette amitié épistolaire participe activement à la construction d’une représentation positive de l’Italie chez Staël : lorsqu’elle s’adresse à cet interlocuteur estimé, elle cherche à atténuer son mépris face à l’altérité. Ainsi, si, à Rome, elle livre à Matthieu de Montmorency un avis lapidaire sur les Italiens qui ne lui « plaisent pas le moins du monde35 », elle exprime ces impressions à Monti de manière argumentée, nuançant son jugement en l’assortissant d’un compliment personnel et en l’encadrant par des jugements plus positifs :

Il faut vous parler de Rome : tout y est beau, de souvenir, de majesté, de mélancolie. […] Mais la société, mais les hommes ! Ah ! Monti, que je vous admire d’être devenu vous, d’être resté vous au milieu de tout cela ! Je ne sais en vérité ce que je serais moi-même si […] j’avais entendu ces femmes sans amour, et ces hommes sans fierté, ce langage maniéré qui s’appelle de l’esprit […]. Il y a un fond de bonté au milieu de tout cela qui me touche, et une bienveillance pour moi d’autant plus généreuse qu’elle n’est pas motivée36.

Dès le début de son séjour, Monti décille le regard de Staël, trop orienté par des préjugés sur les Italiens, jouant auprès d’elle le rôle de Corinne auprès d’Oswald. Si bien que, comme Corinne, Monti est présenté dans un rapport allégorique avec l’Italie : « Je vais donc […] quitter l’Italie que vous me rendrez tout entière quand je vous reverrai : son beau ciel est dans vos regards, et son climat dans votre âme37 ». En effet, comme Staël le souligne à plusieurs reprises dans sa correspondance, un lieu n’a d’intérêt que par la présence de ceux qu’elle aime. C’est donc par les liens qu’elle y entretient qu’elle classe les villes italiennes, dessinant un itinéraire touristique affectif comme l’illustre sa visite du Colisée où elle cherche le graffiti laissé par Monti sur une pierre de l’édifice38.

Cette carte du Tendre italienne se retrouve dans la correspondance de 1815 mais ce réseau amical s’étiole, la détachant progressivement de l’Italie. On peut évoquer la mort de certains amis39, l’évolution négative de son jugement sur la comtesse d’Albany40 et surtout la dégradation de ses relations avec Monti auquel elle n’écrit que six lettres très factuelles en 1815. Les causes de ce refroidissement amical sont doubles, comme elle l’écrit à Acerbi : « Je boude un peu Monti de n’avoir point fait de vers pour le mariage d’Albertine, nous y aurions été plus sensibles que les gouvernements41 ». En effet, si Staël et sa fille ont demandé sa bénédiction poétique, aucune réponse ne leur a été adressée. Mais Staël est surtout irritée par la propension de son ami à vendre ses talents littéraires au pouvoir, expliquant la pique finale de cette citation. Monti représentant pour Staël l’Italie littéraire, ses liens avec cette Italie semblent prendre fin en 1815, fin actée par les attaques violentes qu’elle subit au printemps 1816 dans la presse milanaise pour son article « De l’esprit des traductions » : les intellectuels italiens lui reprochent son mépris pour l’Italie et sa littérature, soulignant, malgré le soutien du romantisme italien naissant, l’incompréhension qui s’instaure entre les Italiens et Staël42.

De l’activité à la passivité : observer l’Italie

On trouve également des indices de cette dégradation du lien entre Staël et l’Italie entre 1805 et 1815 par l’évolution de son observation de la société italienne. En 1805, l’épistolière est une observatrice attentive : Staël a fréquenté la société italienne et cette expérience fonde son regard critique. Elle n’hésite pas à formuler des avis tranchés, mais le plus souvent, son indignation, son amusement face aux mœurs italiennes se traduisent par le recours à l’anecdote. Dans sa correspondance, on en trouve plusieurs sur des sujets et des régions variés balisant le territoire et le caractère italiens : le parler ampoulé des littérateurs romains43, la bêtise des Florentins44, le recours des nobles italiennes à un sigisbée45 mais aussi la superstition catholique46. L’anecdote introduit de manière plaisante, souvent ironique, sa vision personnelle des ridicules italiens. Au fil des lettres et à mesure qu’elle y séjourne, une image plus complexe de l’Italie s’impose, celle d’une terre de contrastes. Dans la correspondance, les exemples de cette perplexité liée à une incompréhension nationale sont multiples, comme ce constat sur Milan :

À Milan il y a plus d’habitude du monde, mais partout un mélange de richesse et de pauvreté, de goût pour les beaux-arts et de mauvais goût dans les ornements, d’instruction et d’ignorance, de grandeur et de petitesse, enfin ce n’est pas une nation parce qu’il n’y a ni ensemble, ni vérité, ni force dans son existence. D’un autre côté cependant, il y a tant de vivacité, d’esprit naturel, de persévérance, que ce peut être une belle destinée de relever toutes ces ruines morales plus incohérentes encore que les autres47.

On observe l’enchaînement d’assertions et de corrections les atténuant qui matérialise textuellement la perplexité de l’épistolière. Elle écrit également à Rome, résumant l’essence de son expérience de l’Italie : « Il y a tant à dire sur ce pays, tant de mal et tant de bien, qu’il me semble qu’on ne peut point se résoudre à dire une phrase sans la détruire, à faire une réflexion sans en opposer une autre48 ». Comme à Milan, la ville l’intrigue car elle est le lieu de la contradiction, entre le bien et le mal mais aussi entre le moi et l’altérité. Elle conclut alors, résumant le projet même de Corinne : « C’est cependant une nation curieuse à observer et qui ne mérite sûrement pas le mépris dont on l’accable49 ».

Dans la correspondance de 1815, force est de constater que le mépris envers l’Italie revient en force. Les anecdotes sont inexistantes, la correspondance ne développe pas d’observations sociales et Staël se contente de rares jugements acerbes sans ponctuation émotive, marquant une distance blasée comme lorsqu’elle écrit : « Ce pays-ci guérit M. de Rocca, c’est une obligation bien grande que je lui ai, sans cela je vous avouerai qu’il n’en est guère de plus insipide50 ». En 1815, l’Italie s’efface pour laisser place au discours sur une autre nation, la France.

La France au miroir de l’Italie : de l’éclat à l’éclatement

Penser la nation : l’omniprésence de la France

En effet, dans la correspondance, l’Italie apparaît comme le lieu où penser la gloire et la déchéance de la nation française, la France de 1805 et celle de 1815. Lorsque Staël voyage en 1805, l’Italie du Nord, occupée par les Autrichiens, l’est désormais par les Français ; elle se tient informée de l’évolution de la situation française en Italie, évoquant dans ses lettres les enjeux politiques et diplomatiques pour la France du couronnement de Napoléon comme roi d’Italie : le territoire italien et la correspondance staëlienne sont envahis par la France. Malgré son opposition à Bonaparte, Staël se montre peu compatissante envers la situation de l’Italie, se bornant à quelques constats distants, tel que : « C’est un pays perdu que celui-ci51 », et sa correspondance ne devient pas la tribune des vaincus qu’est Corinne. Staël se contente de témoigner d’un choc des cultures entre le Nord et le Midi dont « la paresse indolente52 » semble justifier l’occupation, insistant notamment sur le bouleversement du rythme de travail des institutions italiennes opéré par Bonaparte. Sa correspondance établit des comparaisons entre la France et l’Italie qui servent à penser la spécificité nationale et qui se font presque toujours à l’avantage de la France, illustrant la conviction profonde de Staël d’une supériorité française, notamment sur le plan politique. Elle statue ainsi : « et s’il faut une heure d’attention pour gouverner la France, quatre minutes suffisent pour l’Italie53». La seule peur qu’elle exprime clairement dans sa correspondance pour les habitants du Royaume d’Italie est la perte de leur identité nationale au contact des Français : Milan est ainsi qualifié de « nouveau Paris54 ». Pourtant, si la correspondance de 1805 ne fait que rarement état de pitié pour le sort de la nation italienne, Corinne évoque largement cette idée, indiquant que Staël s’est émue pour elle.

En 1815, pitié et indignation sont reportées sur la France, régulièrement qualifiée de « pauvre55 ». La France sature la correspondance et est à l’origine du voyage de Staël puisqu’elle se rend en Italie pour ne pas la voir sous l’emprise des Alliés : « Je suis ici pour ne pas voir ce qui me ferait trop de mal56 ». La correspondance de 1815 fait entendre un lamento sur le sort de la France : la nation dont l’identité et l’intégrité sont menacées n’est plus l’Italie mais la France et Staël s’en désole allant jusqu’à déclarer : « Il n’y a plus de France et lorsque Jeanne d’Arc l’a sauvée, elle était moins perdue qu’à présent57 ». Jeanne d’Arc épistolière, elle tente de sensibiliser correspondants anglais (Wellington) ou russes (Alexandre Ier) à cette déchéance et échange de nombreuses lettres sur le gouvernement français, notamment avec M. de Blacas. Quant à l’Italie, elle est à nouveau occupée par l’Autriche mais ce sort ne la préoccupe que modérément et peu de lettres l’évoquent. Dans l’une d’entre elles, l’envahisseur est loué et les Italiens, par leur passivité, sont rendus responsables de cet état : « Les Autrichiens […] sont très modérés, ils ont pour système et pour habitude la sagesse. Ainsi, qui ne s’agite pas n’a rien à craindre et je ne connais rien de moins disposé à s’agiter que ce pays-ci58 ». Néanmoins, il convient de nuancer ces analyses : comme le souligne S. Balayé, Staël était surveillée par l’Autriche et son indignation est peut-être retenue dans ses lettres59. Néanmoins, aucun parallèle entre la France et l’Italie, envahies et dominées par des puissances étrangères, ne s’établit car le sort de la France éclipse celui de l’Italie, réduite à un territoire quadrillé par les nouvelles françaises, comme lorsqu’elle écrit à Blacas : « Si vous me donnez rendez-vous dans tout autre endroit d’Italie, j’irai de même, enfin il faut que je cause France avec vous60 ». L’Italie devient un objet politique, culturel et économique écartelé entre les nations européennes comme en témoigne aussi le retour des touristes anglais, autre forme d’invasion. L’omniprésence de la France dans la correspondance, qu’elle soit triomphante en 1805 ou défaite en 1815, efface la nation italienne, secondaire pour Staël.

Un pays figé dans le passé : ruine morale et ruine patrimoniale

Mais, l’idée principale qui s’impose sur l’Italie, en 1805 comme en 1815, est celle d’une nation figée dans le passé et incapable d’aller de l’avant. Cet immobilisme est matérialisé dans la correspondance par l’image de la ruine, reste esthétique du passé glorieux de l’Italie qui donne à lire sa déchéance historique, opposée à celle du débris, ruine de l’histoire récente et qui, par métaphore, désignerait l’Italie moderne. Ainsi, faisant le récit d’une soirée à Bologne, Staël écrit : « Il y avait un modèle d’une ruine de Sagonte, devant laquelle ces professeurs s’agitaient comme si le présent n’était fait que pour la canaille61 ». Cette image des professeurs fascinés par le modèle miniature d’une ruine antique mais refusant de relever toutes les ruines modernes, « ces ruines morales plus incohérentes encore que les autres62 » comme elle l’écrit, illustre ce refus du présent au profit du passé. À plusieurs reprises Staël insiste sur cette immobilité de l’Italie par rapport à son passé glorieux, mais aussi par rapport à son passé récent. Elle reprend ainsi l’image de la ruine lorsqu’elle écrit, comparant l’Italie de 1805 à celle de 1815 : « Quel spectacle que l’Italie ! Je ne la reconnais plus parce que les débris y absorbent les ruines63 ». Cette image d’une destruction avancée empêchant toute reconnaissance est amplifiée par la dissociation entre les « ruines », patrimoine italien admiré par Staël en 1805, et les « débris », nouvelles ruines de l’histoire en 1815, causées par les récents évènements. Ces « ruines » ont été absorbées par les « débris », ruines modernes sans portée esthétique : l’histoire récente a fait atteindre à l’Italie un niveau supérieur de destruction et d’immobilisme. Ainsi, elle écrit dans une lettre à Dudley Ryder, mettant implicitement en parallèle le rôle destructeur et conservateur des Anglais en France et en Italie : « Dans cette Italie où vous avez rétabli tout l’ancien, excepté les républiques, nous essayons d’une ancienne chose aussi, la peste64». Ce passéisme politique imposé par des puissances étrangères comme par le caractère italien est souligné par le parallèle avec la peste, maladie venue du passé historique et littéraire de l’Italie65, indiquant son incapacité à se régénérer. Staël développe l’idée d’un immobilisme italien qui s’applique également à la France, revenue au même point qu’avant la Révolution. Cet enfermement dans le passé, dans les ruines, vécu comme une fatalité par l’Italie, gangrénant tous les domaines, notamment la littérature, l’empêche de devenir une nation en relevant les débris. Ainsi, si en 1805 le terme « nation66 » était employé par Staël dans sa correspondance pour désigner l’Italie, en 1815, il n’est plus appliqué qu’à la France dont elle revendique l’intégrité, craignant l’affadissement du sentiment et du caractère nationaux provoqué en Italie par l’occupation étrangère : « On ne nous mande de Paris que des nouvelles de Cour, en vérité cette nation est devenue aussi fade que des bergers du désert. Singulier résultat d’une révolution manquée67 ».

La comparaison de la correspondance de Staël en 1805 et en 1815 met en avant une révolution de sa représentation de l’Italie, liée à l’évolution du sujet observant et du pays observé. L’Italie s’impose à Staël comme une terre de contrastes et la péninsule, pays des ruines et du deuil, terre figée dans le passé mais aspirant à l’unité politique, devient paradoxalement le lieu idéal pour à la fois mesurer « l’abîme du passé68 » et le territoire sur lequel penser le changement, à l’échelle de l’individu comme à celle de l’Europe.

1 G. de Staël-Holstein, Correspondance générale, Tome IX, Derniers combats, 12 mai 1814 -14 juillet 1817, éd. Stéphanie Genand et Jean-Daniel Candaux

2 Ibid., p. 323 ou p. 447.

3 Voir Ibid., p. 326.

4 L’expression est empruntée à S. Genand et J.-D. Candaux dans leur présentation de la correspondance italienne de Staël de 1815-1816, G. de

5 CG-IX, p. 330.

6 G. de Staël-Holstein, Correspondance générale, Tome V, France et Allemagne. Le Léman et l’Italie, 19 mai 1804 - 9 novembre 1805, éd. B. W. Jasinski

7 Ibid., p. 527.

8 Ibid., p. 546.

9 Ibid., p. 550.

10 « C’est mon père qui a marié ma fille, puisque c’est en divisant le million qu’on m’a rendu que j’ai fait sa dot »,G. de Staël-Holstein, CG-IX., p.

11 Ibid., p. 344.

12 Ibid., p. 331.

13 Ibid., p. 330.

14 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 491.

15 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 339.

16 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 568.

17 « J’ai été reçue ici parfaitement, et l’abbé Biamonti a improvisé pour moi hier au soir. », Ibid., p. 483.

18 Voir Ibid., p. 572.

19 C’est le cas de Canova, du Comte Verri ou de Rossi.

20 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 502.

21 Ibid., p. 532.

22 « J’aime cette intelligence secrète qui s’établira entre nous quand vous lirez Corinne. », Ibid., p. 558.

23 G. de Staël-Holstein, CG-V,p.574.

24 Ibid., p. 577.

25 « J’ai dans mes mains le manuscrit de la vie d’Alfieri écrite par lui-même », Ibid., p. 491 ; « J’étudie le Dante avec ardeur », p. 606.

26 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p.446 : elle mentionne « une petite préface » sur la traduction de Milton par Leoni et la rédaction de « quelques

27 Ibid., p. 476.

28 Voir Gilles Bertrand, « Voyage et cosmopolitisme dans la tourmente de la Révolution française. Du voyage de connaissance aux effets de l’émigration

29 Voir la description qu’elle en fait à Monti. G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 509.

30 Ibid., p. 490.

31 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 355.

32 Ibid., p.357, p. 355.

33 Voir par exemple, pour la première occurrence de cette appellation dans leur correspondance, Ibid., p. 475.

34 Ibid., p. 470.

35 Ibid., p. 492.

36 Ibid., pp. 493-494

37 Ibid., p. 598.

38 Ibid., p. 495.

39 Melzi et Bossi. Voir G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 387.

40 « Mme d’Albany […] tourne un peu vers le vulgaire », CG-IX, p. 445.

41 Ibid., p.447.

42 Voir notamment sur ce point S. Balayé, N. King et G. de Staël-Holstein, Les carnets de voyage de Madame de Staël : contribution à la genèse de ses

43 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 508.

44 Ibid., p. 568.

45 « Je voulais voir cette duchesse […] et comme elle ne vint pas où j’étais, je me fis donner son billet. Il racontait avec les plus grands détails

46 Ibid., p. 478.

47 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 480-481.

48 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 504.

49 Ibid., p. 543.

50 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 369.

51 G. de Stael-Holstein, CG-V, p. 506.

52 Ibid., p. 568.

53 Ibid., p. 480.

54 Ibid., p. 586.

55 Voir G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 356, p. 358, p. 380.

56 G. de Staël-Holstein, CG-IX., p. 350.

57 Ibid., p. 349.

58 Ibid., p. 323.

59 Les carnets de voyage de Madame de Staël, p. 412.

60 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 354.

61 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 481.

62 Ibid., pp. 480-481.

63 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 385.

64 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 394.

65 « C’est à Florence que j’attendrai des nouvelles de la peste et si elle m’enferme avec vous comme du temps de Boccace, j’en prendrai doucement mon

66 Voir par exemple G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 480-481 ou p. 491.

67 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 439.

68 Ibid., p. 330.

1 G. de Staël-Holstein, Correspondance générale, Tome IX, Derniers combats, 12 mai 1814 -14 juillet 1817, éd. Stéphanie Genand et Jean-Daniel Candaux, Genève, Champion-Slatkine, 2017, p. 322.

2 Ibid., p. 323 ou p. 447.

3 Voir Ibid., p. 326.

4 L’expression est empruntée à S. Genand et J.-D. Candaux dans leur présentation de la correspondance italienne de Staël de 1815-1816, G. de Staël-Holstein, Derniers combats, p. 317.

5 CG-IX, p. 330.

6 G. de Staël-Holstein, Correspondance générale, Tome V, France et Allemagne. Le Léman et l’Italie, 19 mai 1804 - 9 novembre 1805, éd. B. W. Jasinski, Paris, France, Hachette, 1985, p. 473.

7 Ibid., p. 527.

8 Ibid., p. 546.

9 Ibid., p. 550.

10 « C’est mon père qui a marié ma fille, puisque c’est en divisant le million qu’on m’a rendu que j’ai fait sa dot »,G. de Staël-Holstein, CG-IX., p. 440.

11 Ibid., p. 344.

12 Ibid., p. 331.

13 Ibid., p. 330.

14 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 491.

15 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 339.

16 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 568.

17 « J’ai été reçue ici parfaitement, et l’abbé Biamonti a improvisé pour moi hier au soir. », Ibid., p. 483.

18 Voir Ibid., p. 572.

19 C’est le cas de Canova, du Comte Verri ou de Rossi.

20 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 502.

21 Ibid., p. 532.

22 « J’aime cette intelligence secrète qui s’établira entre nous quand vous lirez Corinne. », Ibid., p. 558.

23 G. de Staël-Holstein, CG-V,p.574.

24 Ibid., p. 577.

25 « J’ai dans mes mains le manuscrit de la vie d’Alfieri écrite par lui-même », Ibid., p. 491 ; « J’étudie le Dante avec ardeur », p. 606.

26 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p.446 : elle mentionne « une petite préface » sur la traduction de Milton par Leoni et la rédaction de « quelques réflexions sur Gênes et Pise ».

27 Ibid., p. 476.

28 Voir Gilles Bertrand, « Voyage et cosmopolitisme dans la tourmente de la Révolution française. Du voyage de connaissance aux effets de l’émigration et de l’exil », in Il gruppo di Coppet e il viaggio : liberalismo e conoscenza dell’Europa tra Sette e Ottocento : atti del VII Convegno di Coppet, Firenze, 6-9 marzo 2002, dir. M. Bossi, A. Hofmann et F. Rosset, Firenze, Italie, L. S. Olschki, 2006, p. 67-90.

29 Voir la description qu’elle en fait à Monti. G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 509.

30 Ibid., p. 490.

31 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 355.

32 Ibid., p.357, p. 355.

33 Voir par exemple, pour la première occurrence de cette appellation dans leur correspondance, Ibid., p. 475.

34 Ibid., p. 470.

35 Ibid., p. 492.

36 Ibid., pp. 493-494

37 Ibid., p. 598.

38 Ibid., p. 495.

39 Melzi et Bossi. Voir G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 387.

40 « Mme d’Albany […] tourne un peu vers le vulgaire », CG-IX, p. 445.

41 Ibid., p.447.

42 Voir notamment sur ce point S. Balayé, N. King et G. de Staël-Holstein, Les carnets de voyage de Madame de Staël : contribution à la genèse de ses œuvres..., Genève, Droz, 1971.

43 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 508.

44 Ibid., p. 568.

45 « Je voulais voir cette duchesse […] et comme elle ne vint pas où j’étais, je me fis donner son billet. Il racontait avec les plus grands détails le mal au pied de son cavalier servente. », Ibid., p. 516.

46 Ibid., p. 478.

47 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 480-481.

48 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 504.

49 Ibid., p. 543.

50 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 369.

51 G. de Stael-Holstein, CG-V, p. 506.

52 Ibid., p. 568.

53 Ibid., p. 480.

54 Ibid., p. 586.

55 Voir G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 356, p. 358, p. 380.

56 G. de Staël-Holstein, CG-IX., p. 350.

57 Ibid., p. 349.

58 Ibid., p. 323.

59 Les carnets de voyage de Madame de Staël, p. 412.

60 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 354.

61 G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 481.

62 Ibid., pp. 480-481.

63 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 385.

64 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 394.

65 « C’est à Florence que j’attendrai des nouvelles de la peste et si elle m’enferme avec vous comme du temps de Boccace, j’en prendrai doucement mon parti. », Ibid., p. 279.

66 Voir par exemple G. de Staël-Holstein, CG-V, p. 480-481 ou p. 491.

67 G. de Staël-Holstein, CG-IX, p. 439.

68 Ibid., p. 330.

Apolline Streque

Université de Saint-Étienne